Elle porte sur ses épaules le Partenariat français pour l'eau (PFE), cette structure créée le 22 mars 2007, sur les bases du Partenariat français pour Mexico et qui avait permis à la grande diversité des acteurs français, publics et privés, de préparer une série de messages communs pour le quatrième Forum mondial de l'eau de Mexico, en mars 2006. « Ce forum nous a fait prendre conscience que nous avions besoin de parler d'une seule voix à l'inter-
national », explique-t-elle.
L'atteinte d'un tel consensus est une charge lourde qui demande beaucoup d'énergie, tant on connaît les divergences qu'il peut exister entre les défenseurs d'un service de l'eau totalement public, les entreprises de l'eau, les ONG... Cela tombe bien : elle déborde d'énergie. Nul doute également qu'elle peut s'appuyer sur son sens de la diplomatie (plus de quinze années au ministère des Affaires étrangères et européennes et au ministère de l'Écologie) et son habitude des relations avec le privé et les collectivités. Ce qui lui permet de coller à l'esprit de cette alliance, dont les membres fondateurs sont les deux ministères précités, les grandes entreprises de l'eau ( Suez Environnement et Veolia Eau), l'Agence française de développement, l'Association des maires des grandes villes de France, les structures publiques (agences de l'eau, Ubifrance...) et les ONG. Depuis, le PFE a triplé le nombre de ses membres, pour passer à plus de cent, et s'est ouvert aux PME et aux ONG humanitaires. « En somme, reconnaît-elle, le PFE est une sorte de petit Grenelle de l'eau. »
Au niveau européen, d'autres structures nationales du même type ont été mises en place : les Pays-Bas ont été les premiers, suivis du Danemark, de la France, de l'Allemagne... « Pour ces pays, il s'agit plutôt d'une structure de développement commercial à l'export, où les collectivités, par exemple, ne sont pas présentes. De son côté, le PFE cherche à porter à l'international une culture française de l'eau, qui est parfois encore mal comprise : nous sommes souvent diabolisés et accusés de faire le lit du privé. » Elle reconnaît cependant qu'il faut améliorer la question de l'export, et travaille avec le ministère de l'Économie et Ubifrance à mettre en place une stratégie commune.
Arrivée au PFE en novembre 2007 en tant que secrétaire exécutive, son objectif premier est la préparation du cinquième Forum mondial de l'eau à Istanbul. « Mais il y a une vie avant et après cet événement », tient-elle à rappeler. Pas de risque qu'elle subisse un effet « baby blues » après cette grand-messe de l'eau, car les événements vont se succéder à un rythme soutenu : en mai, la réunion de la Commission développement durable des Nations unies, en juin la semaine de l'eau de Singapour et en août celle de Stockholm.
Un autre dossier important la mobilise : l'évolution du PFE avec la création d'un statut juridique - dont nature sera une association, une fondation ou un groupement d'intérêt public - et le choix d'un mode de financement. Actuellement, il fonctionne sans adhésion, grâce à des subventions publiques et privées. Avec un tel programme, on doute même qu'elle arrive à prendre quelques vacances, pour passer de l'eau au sable fin...