Le secteur des travaux publics est inquiet pour son avenir. Son chiffre d'affaires accuse une perte de 4,8 % en 2008, à 42,7 milliards d'euros, et l'activité s'est fortement dégradée sur le second semestre. Selon la Fédération nationale des travaux publics (FNTP), les causes sont à trouver dans les effets négatifs du cycle électoral municipal et de la crise économique et financière, qui freinent voire bloquent le lancement de nombreuses opérations. Pour 2009, la baisse estimée à 6 % pourrait atteindre 15 % si la reprise n'est pas au rendez-vous.
Certes, la partie eau et assainissement est celle qui a le mieux résisté. Elle représentait 18 % des travaux publics en 2007 (soit 7,4 milliards d'euros), s'est maintenue en 2008*, mais devrait diminuer en 2009. Surtout, la FNTP s'inquiète de la chute des prix, qui amène les maîtres d'ouvrage à s'interroger sur les marges des années précédentes, pousse les entreprises de travaux publics à réduire leurs coûts (moins d'intérim, d'embauches et de formations) et menace leur avenir.
Le plan de relance de l'État prévoit de grands travaux d'infrastructures (11 milliards d'euros). Mais ceux-ci ne devraient porter leurs fruits qu'en 2010-2011. Aussi, la FNTP demande aux collectivités locales de maintenir les investissements prévus voire de les accélérer, car leurs projets, plus petits, permettraient de relancer le secteur dès 2009. Plus de 10 000 projets - représentant un volume d'activité de 19,6 milliards d'euros - ont ainsi été recensés sur tout le territoire**. L'eau et l'assainissement représentent 16 % de cette activité, soit 3,1 milliards d'euros. Cela concerne la mise en conformité avec la Deru, l'approvisionnement en eau, les travaux sur les réseaux...
À propos du financement de ces projets, la FNTP regrette les signaux contradictoires envoyés par l'État : d'un côté, elle salue le remboursement anticipé de la TVA aux collectivités locales qui s'engagent à investir plus - une mesure qui est d'ailleurs un succès, avec 16 811 conventions de ce type déjà signées au 5 mai - ; de l'autre, elle déplore l'annonce de la suppression de la taxe professionnelle, qui fragilise leur volonté d'investir. Très mobilisée sur ce sujet, la fédération a même proposé la création d'un livret des infrastructures durables (LID), sur le modèle du livret A. La balle est désormais dans le camp du gouvernement, et des collectivités !