Ces dernières années, la Catalogne a souffert de sécheresses répétées (cf. Hydroplus, n° 181, p. 11), à tel point que des mesures extrêmes, comme le creusement d'un canal pour faire venir de l'eau depuis le Rhône, ont été envisagées, avant d'être abandonnées. L'urgence s'en faisait en effet de moins en moins sentir, l'inauguration de l'usine de dessalement de El Prat del Llobregat approchant. Elle a finalement eu lieu l'été dernier.
L'usine a été construite par Degrémont et sera opérée pendant les deux premières années par Agbar - ces deux sociétés faisant partie du groupe Suez Environnement - pour le compte de Aigües Ter Llobregat ( ATLL), société publique gérée par l'agence de l'eau du gouvernement catalan. Sa capacité de production est de 200 000 m3 par jour, soit 20 % de l'eau consommée dans la région de Barcelone.
UN RÔLE D'APPOINT
Paradoxe : mi-septembre, seule une des dix lignes de production, d'une capacité de 20 000 m3/j, était en fonctionnement. L'usine ne doit en effet travailler à plein rendement que lorsque les réserves d'eau de la ville tombent en dessous de 60 %. Elle a un rôle d'appoint, complétant les volumes produits par les deux usines d'eau potable que gère ATLL. Ces dernières traitent de l'eau pompée dans les rivières Llobregat et Ter, dont l'étiage devient très faible en cas de sécheresse.
L'injection de l'eau produite par l'usine de dessalement doit aussi améliorer la qualité de l'eau potable en diminuant sa teneur en sel. Dans ce même but, une électrodialyse a été installée dans la station de production d'eau potable du Llobregat.
D'après les projets d'ATLL, l'usine de Llobregat doit se voir renforcée d'ici à 2015 par deux autres unités de dessalement. « Lorsqu'elles seront construites, nous ne risquerons plus de manquer d'eau, même en cas de sécheresse », estime Juan Compte i Costa, gérant d'ATLL.
La province catalane est par ailleurs adepte du recyclage des eaux usées. Une partie des eaux traitées par la station d'épuration de Baix Llobregat, gérée par Agbar, est réutilisée pour l'agriculture, le soutien d'étiage du fleuve Llobregat et l'infiltration dans la nappe phréatique.
Parallèlement à ses efforts pour garantir l'offre, le gouvernement de Catalogne s'est efforcé de sensibiliser ses administrés aux économies d'eau, avec succès. Depuis 2006, la consommation d'eau de la région a diminué de 10 %, alors que la population augmentait sensiblement.
Les autorités régionales espagnoles semblent donc revenues à une gestion plus raisonnée de leur ressource, en agissant sur la demande et en abandonnant les grands projets de transferts entre masses d'eau.