Le Syndicat mixte d'assainissement de la rive droite ( Smard) de Limay, dans les Yvelines, a commencé en septembre la construction d'une nouvelle station d'épuration innovante. Non seulement celle-ci sera HQE, mais surtout, le projet prévoit de revendre l'eau traitée aux industriels installés à proximité. Il devrait ainsi permettre de valoriser un tiers de l'eau traitée - une première en France -, soit plus de 300 000 m3/an habituellement rejetés en Seine.
Une étude de faisabilité a été réalisée par la Ddass et la Drire pour permettre au syndicat de revendre à tout moment les eaux traitées à un coût moins élevé que celui de l'eau potable. Cette opération est particulièrement intéressante pour la préservation de la ressource en eau, en particulier en périodes de sécheresse, et évite de puiser dans la nappe phréatique.
TROIS INDUSTRIELS
DANS LE PROJET
Installés sur le site du port autonome de Paris, où se trouve la station, trois industriels sont déjà intéressés. Il s'agit d'Alpa (sidérurgie), de Prismo (séchage des boues, groupe Suez) et de GDE (broyage de carcasses de voitures). Alpa, qui consomme 500 000 m3/an pour refroidir sa chaîne industrielle, prévoit de prendre 200 000 m3/an, dilués avec de l'eau potable, pour diminuer la concentration en phosphore. GDE est intéressé par l'achat de 15 000 m3/an et Prismo de 6 000 m3/an.
Sarp Industries (traitement de déchets industriels, Veolia Propreté) pourrait également se joindre au projet. Les industriels effectueront ainsi un gain financier tout en limitant les risques de pénurie en eau.
Le coût global de la station est de 18,4 millions d'euros (plus 4,2 M pour cinq ans d'exploitation). Le plan de financement est réparti entre l'agence de l'eau Seine-Normandie (40 %), le conseil général des Yvelines (20 %), le conseil régional d'Île-de-France (17 %) et le Smard (18 %). La réception des travaux est prévue pour la fin 2010. « La construction d'une réserve d'eau d'une capacité de 400 m3 disponible en permanence est prise en compte dans les travaux actuels menés par le groupement OTV ( Veolia Eau), précise Julian Eclancher, responsable administratif du Smard. En revanche, les ouvrages de transfert vers les sites utilisateurs (stations de pompage, canalisations) feront l'objet d'un second marché. »
UN COÛT D'EXPLOITATION TROIS FOIS PLUS ÉLEVÉ
La nouvelle station d'épuration sera construite sur le site de la station actuelle, après démolition. Elle devra répondre à un niveau élevé de qualité, car le rejet se fait dans une zone de la Seine classée sensible à l'eutrophisation depuis 2005. Sa capacité d'épuration passera de 30 000 EH à 60Ó000 EH, dont 40 % d'effluents industriels. Son emprise foncière s'étendra sur un terrain d'une superficie de 10 000 m². Un traitement biologique par filtration membranaire immergée (procédé Biosep) permettra d'obtenir en sortie une qualité d'eau équivalente à celle d'une eau de baignade pour les paramètres mesurés en station (MES, DBO...).
Ces exigences technologiques généreront un coût d'exploitation trois fois plus élevé (de 300 000 euros/an actuellement à 900 000 euros/an), la revente des eaux usées devant réduire ces coûts.
Enfin, la station répondra à la démarche HQE. Elle sera équipée d'un chauffage « zéro carbone » pour les locaux administratifs grâce à l'installation d'une pompe à chaleur, de cellules photovoltaïques et de panneaux solaires. La toiture des bâtiments sera végétalisée et les eaux de pluie seront réutilisées pour les toilettes des bâtiments administratifs et pour l'arrosage.