Depuis plusieurs années, l'instrumentation des réseaux et la télérelève des compteurs d'eau ont le vent en poupe. Si bien que Veolia Eau a tenu à rassembler son expertise en la matière dans son Laboratoire d'essais des compteurs d'eau ( LECE) de Nancy. Son objectif est de valider la qualité et l'adéquation de ces équipements, avant leur déploiement en masse, et de suivre ensuite leur vieillissement. Pour les compteurs d'eau, la démarche est ancienne. Ce laboratoire créé en 1976 y travaille depuis longtemps. Chaque année, 5 000 compteurs, prélevés de manière aléatoire et représentatifs du parc installé, passent sur le banc de test. Ils sont choisis par rapport à leurs spécificités : âge, marque, principe de mesure, qualité de l'eau, etc. « Les données ainsi compilées nous permettent de disposer d'une base de données nationale qui regroupe aujourd'hui 60 000 résultats d'étalonnage épurés », explique Hervé Cléraux, métrologue à Veolia Eau. En France, Veolia Eau est responsable du contrôle et du renouvellement de 7,5 millions de compteurs d'eau, dont un million de compteurs divisionnaires (et un total de 22 millions dans le monde). La moyenne d'âge des compteurs est de sept ans et il s'agit principalement de compteurs volumétriques. La part de ceux équipés d'un système de télérelève atteint 10 % et elle est en pleine croissance : 200 000 modules ont été posés en 2009 (à comparer à 10 000 en 2003), pour un parc total de 650 000 modules. Pour 2010, la prévision est de 250 000 à 300 000 modules installés et provenant des trois fournisseurs avec qui Veolia Eau a signé un contrat-cadre : Sappel, Itron (qui a repris Actaris) et Sensus. Depuis 2001, les systèmes de télérelève sont également soumis à rude épreuve. Il s'agit de tester les dispositifs de lecture de l'index et leur transmission, en simulant les perturbations auxquelles ils sont exposés (électromagnétiques, chutes, vibrations, résistance à l'arrachement). Sont particulièrement regardés l'arrimage du module, la cohérence de l'index, la durée de vie de la pile, l'étanchéité (IP 68), la portée en champ libre. UNE NOUVELLE COMPÉTENCE Enfin, le LECE vient d'intégrer la compétence prélocalisateurs de fuites, avec l'arrivée de Jean-Paul Guillaume dont nous vous avions présenté la démarche innovante (lire Hydroplus n° 171, p. 42). Elle consiste à rejouer différents bruits de fuites enregistrés et d'étudier la réponse des prélocalisateurs au sein d'un caisson insonorisé. Si cette démarche avait suscité, à son départ, la crainte des fabricants, elle débouche aujourd'hui sur une relation de partenariat, qui conduit les fabricants à prendre en compte les retours de Veolia Eau, à adapter ses produits, voire à intégrer cet avis lors du développement d'un nouveau matériel. Il est même prévu que cette plate-forme de test soit mise à disposition des fabricants dès cette année pour leur permettre d'effectuer leurs propres essais. L'enjeu est de taille car Veolia Eau déploie un parc de 8 000 prélocalisateurs dont le coût unitaire se compte en milliers d'euros. Là aussi, ce sont tant les nouveaux produits qui sont testés que les arrivages de commandes et le parc existant. Et pour compléter cette démarche, les corrélateurs acoustiques devraient bientôt passer entre les mains des experts du LECE.