Beaucoup de déchets solides, liquides, dangereux ou non, d'origines diverses, peuvent être utilisés comme combustibles de substitution. Les combustibles solides de récupération (CSR), très développés en Allemagne, sont préparés à partir de DIB ou d'ordures ménagères sélectionnés pour leur valeur énergétique (notamment des plastiques, hors PVC). Des travaux de normalisation européenne ont stabilisé la terminologie (EN 15357) et les caractéristiques (EN 15359) de ces CSR. En France, le débat sur leur régime réglementaire est encore ouvert, mais penche du côté du statut de déchet (et non de produit), devant être éliminé dans une installation autorisée ICPE.
Il faut noter que le terme « combustibles de substitution » recouvre trois autres catégories que les CSR : les biocombustibles solides (bois non traité), les combustibles issus de déchets dangereux (solvants, huiles...) et les combustibles spécifiques (pneumatiques, farines animales, etc.). « Leur préparation et utilisation doivent découler des caractéristiques des déchets en question, en particulier de leur caractère dangereux ou non », estime-t-on à la Fnade.
Sur les CSR, Veolia Propreté mène une opération pionnière en France sur le centre de tri des DIB de Ludres (Meurthe-et-Moselle). Elle a porté le taux de valorisation à près de 50 % : 20 à 25 % de recyclage et 25 % de CSR, essentiellement des plastiques non chlorés. La préparation implique une technique très performante afin de sélectionner les matériaux correspondant aux besoins des industriels locaux. En Allemagne, certains industriels et cimentiers sont prêts à payer (entre 5 et 10 euros la tonne) pour un CSR de bonne qualité. Le marché français en est loin, même si l'Ademe a estimé que les cimentiers pouvaient accepter 1 million de tonnes de CSR. Veolia Propreté va démarrer une deuxième opération à Nantes et envisage d'ouvrir d'autres sites dans l'année. « La volonté du groupe est de se positionner sur ces CSR issus de DIB », indique Jérôme Auffret, de la direction traitement France. Les collectivités utilisant un tri mécanobiologique sur ordures ménagères résiduelles (OMR), qui produit 50 % de refus à enfouir ou incinérer, sont aussi intéressées : un exutoire en cimenterie serait attrayant au plan financier, mais il semble plus difficile de produire un combustible intéressant avec ce gisement.
En Allemagne, les CSR préparés à partir de DIB ont un pouvoir calorifique inférieur (PCI) de plus de 18 MJ/kg, considéré comme « haut », alors que les CSR à partir d'OMR ont un PCI de l'ordre de 12 MJ/kg, qualifié de « moyen » et souvent non accepté par les cimentiers. Les investissements seront donc conséquents pour parvenir à la qualité demandée, d'autant que le taux d'humidité des OMR, de l'ordre de 25 à 30 %, impose de sécher les déchets. Il faudra aussi maîtriser le taux de chlore, lié au PVC, mais aussi au sel de cuisine, plus compliqué à extraire. « Face à de telles contraintes, une incinération avec valorisation énergétique performante n'est-elle pas plus adaptée ? » s'interroge Loïc Lejay, responsable déchets d'Amorce. Le Symevad, syndicat regroupant le Douaisis, Hénin-Carvin et la communauté de communes Osartis, s'intéresse de près au CSR, son incinérateur arrivant en fin de vie en 2013. « Le cahier des charges est ambitieux : PCI de 15 MJ/kg, teneur en eau de 15 %, chlore et soufre limités, etc. Les scénarios de préparation et de séchage y répondent. On serait, en masse, sur 54 % de CSR et environ 15 % de mise en décharge - le reste étant surtout de l'eau - pour un coût global, enfouissement compris, de 95 ou 100 euros la tonne », détaille Sébastien Chapelet, directeur général des services du Symevad.
De son côté, Amiens Métropole envisage la pyrogazéification des matériaux combustibles issus des refus de préparation des OMR pour la méthanisation. Des essais sont réalisés sur un pilote. La technique consiste à chauffer les matériaux pour en tirer un gaz qui, brûlé à très haute température, produit de l'énergie.
Semardel devrait mettre en service, en 2011 dans l'Essonne, un pyrogazéifieur pour traiter des CSR issus de déchets de l'activité économique (emballages plastiques, mousses, etc.). Enfin, OP Systèmes propose des unités de pyrogazéification, clés en main, pour déchets industriels. Sur son pilote de démonstration à Lacq, le rendement énergétique obtenu sur des refus de centres de tri de DIB est de 90 %. Tous types de déchets, même pollués, peuvent être traités (moyennant l'autorisation ICPE correspondante). L'entreprise prévoit la mise en route d'une unité accueillant des terres soufrées et de deux unités de cogénération traitant du bois pollué et/ou des résidus de broyage automobile. « Nos unités sont soumises aux mêmes contraintes réglementaires que l'incinération, mais du fait de la sophistication de la combustion et de la compacité de la technologie, il y a beaucoup moins de fumées à traiter. Financièrement, cela a beaucoup d'atouts », indique Laurent Debû, directeur du développement.