Les boues de trois bassins de la ville normande de Honfleur, dont le célèbre Vieux Bassin, devaient être draguées car les bateaux touchaient parfois le fond. En raison du caractère touristique de la ville, le conseil général du Calvados, maître d'oeuvre, a choisi la solution du groupement EMCC-Extract, qui minimise les nuisances grâce à l'emploi d'une drague aspiratrice et de géotubes.
PIÉGEAGE DES POLLUANTS
Depuis 2000, la technologie géotube est appliquée à l'essorage de sédiments dragués. « Le chantier de Honfleur est notre première référence de taille en France dans le traitement des sédiments marins », explique Albert Koffler, responsable en France de la solution géotube. Celle-ci a été développée par le groupe néerlandais TenCate, spécialiste des composites et des tissés industriels.
De son côté, EMCC, filiale du groupe Vinci spécialisée dans les travaux maritimes et fluviaux, réalise le dragage et gère le chantier d'essorage des boues. Au total, 25 000 mètres cubes de boue seront dragués et quarante géotubes seront utilisés.
Les boues draguées sont transportées par canalisation jusqu'au site d'essorage ; en chemin, une injection de floculant est réalisée. Le tout est ensuite injecté dans le géotube, une enveloppe en polypropylène tissé. Celui-ci gonfle, avant de redescendre lors de la sortie de l'eau, qui passe à travers les pores du textile et est évacuée gravitairement. À nouveau, des boues peuvent être injectées, jusqu'à ce que le géotube soit plein. Les sédiments et les polluants non solubles (à Honfleur, il s'agit de métaux lourds, PCB, tributylétain...) sont piégés.
PLUS DE 60 % DE SICCITÉ
Les avantages du système sont variés : le point le plus important pour Honfleur était la disparition des odeurs qui seraient survenues en cas de stockage dans une chambre de dépôt, à ciel ouvert. Le coût d'achat des géotubes est en partie compensé par la réduction des travaux de terrassement : une lagune aurait nécessité une surface au sol et une hauteur de digue bien plus importante. Par rapport à un filtre mécanique, la quantité de floculant nécessaire est moindre et la floculation peut se poursuivre pendant tout le temps de séjour des boues dans les géotubes, ce qui augmente son efficacité.
Enfin, cette solution fait augmenter la siccité des boues très rapidement - de l'ordre de quatre à six fois plus vite qu'avec un lit de séchage - avec toutefois une variabilité importante : les boues minérales seront bien mieux essorées que les boues organiques.
Cela peut donc réduire la durée totale du chantier. Ainsi, à Honfleur, il devrait durer vingt mois : 30 % de siccité devraient en effet être atteints en quelques semaines et plus de 60 % sont attendus en fin de chantier.