Le syndicat des eaux d'Ile-de-France ( Sedif), qui avait lancé en avril 2009 un appel d'offres international pour le renouvellement en janvier 2011 de son contrat d'approvisionnement, la plus grande délégation de service public d'eau potable en France, a annoncé en mai dernier qu'il retenait l'offre de son partenaire historique Veolia Eau, au détriment de Suez Environnement. Une information tombée un mois avant le vote officiel de son comité syndical fixé au 24 juin, mais qui est finalement peu surprenante. Fin 2008, l'option d'une remunicipalisation des eaux franciliennes, à l'instar de Paris, est déjà écartée à la majorité. Puis, en avril 2009, c'est l'hypothèse d'un allotissement de la délégation qui tombe. Au grand dam de Suez Environnement qui plaide alors pour le principe de concurrence. Sur les quatre candidats admis à présenter leur offre en juillet 2009, Saur se désistera fin 2009 et le groupement Derichebourg-Remondis Aqua sera éliminé en janvier 2010. Rappelons que le marché du Sedif, sous la coupe de Veolia depuis 1923, a atteint plus de 350 millions euros en 2008. Fin mars, le numéro un mondial de l'eau a été épinglé par la chambre régionale des comptes d'Ile-de-France pour irrégularité de gestion sur son contrat en cours depuis 1962. L'institution relève, comme en 2002, la réalisation de prestations d'ingénierie et de travaux hors périmètre de la délégation (pour 186 millions d'euros entre 2005 et 2007) et un manque de séparation entre les comptes du régisseur et du syndicat. Deux points qui, d'après l'organisme de contrôle, ne seront pas résolus par le nouvel appel d'offres. Un schéma qui fait grincer des dents les élus de gauche. En réaction, neuf communes de Seine-Saint-Denis (400 000 habitants, 10 % de la population desservie par le Sedif), rassemblées depuis janvier 2010 dans la communauté d'agglomération Est Ensemble, ont pris la compétence eau et font peser sur le Sedif la menace d'un changement de mode de gestion. Décision en vue fin septembre.