En 2006, un été pluvieux à Carnac génère des problèmes de pollution sur les plages et pousse la commune à engager une reconquête de la qualité de ses eaux littorales. L'enjeu ne se limite pas aux eaux de baignade. De la qualité de l'eau littorale, toute l'année, dépend aussi le maintien de l'ostréiculture, de la thalassothérapie... « Au-delà d'une obligation sanitaire, la qualité des eaux est notre image de marque », résume Gérard Marcalbert, maire adjoint de Carnac. La commune est ainsi l'une des premières à avoir obtenu, en 2009, la certification eaux de baignade lancée par le ministère de l'Écologie.
MODÉLISATION TERRE/MER
Dans le cadre de la préparation de cette certification, la ville, appuyée par Saur, a renforcé son dispositif de surveillance et a réalisé les profils de vulnérabilité de ses plages. La caractérisation des sources de pollution et la hiérarchisation de la criticité des bassins versants ont permis de confirmer l'origine d'une bonne partie des pollutions, et de mettre en place des actions préventives et correctives. Carnac s'est aussi doté d'un outil de modélisation. « En fonction des prévisions météo, le modèle prévoit les flux terrestres (composante hydraulique et bactériologique : calcul des rejets en débit et qualité). Il est couplé à un modèle marin (prenant en compte l'état de la mer, le courant, etc.) qui calcule ensuite la dispersion en mer de la pollution avec une précision de vingt mètres », explique Pascal Kohaut, chef de projet Omer, qualité des eaux et prévisions, chez Saur. Ce système est un outil précieux de compréhension : il a notamment permis d'élucider le mystère de certains épisodes de pollution se produisant ponctuellement sur une plage, en démontrant que, dans certaines conditions très particulières de vent et de courant, le pluvial comme le panache de l'ancienne step pouvaient se rabattre sur ce site.
UNE ANTICIPATION À 48 HEURES
Depuis cet été, une plate-forme opérationnelle dédiée à la gestion active fait tourner en permanence le modèle. Elle recalcule, avec quarante-huit heures d'avance, la qualité des eaux sur chaque plage, et prévoit l'intensité, l'étendue et la durée des éventuels événements de contamination. « Avec ce système, on ne rate aucun événement météo. C'est une base de données vivante, qui continue à être alimentée et optimisée avec les nouveaux résultats d'analyses réels. À terme, cet outil pourra servir de thermomètre du proche bassin versant, en validant ou non les effets des travaux correctifs et des investissements réalisés », souligne Pascal Kohaut.
Cette prévision à quarante-huit heures a fait ses preuves durant l'été, avec une exception. Le modèle terrestre a en effet sous-estimé quantitativement la pollution générée par une forte pluviométrie survenue les 25 et 26 août. « Il va falloir affiner cette partie, peut-être en intégrant un critère de fréquentation (surplus de pollution au niveau d'un bassin) ou en modifiant les seuils de pluie ou de durée temps sec pour évaluer de manière encore plus précise l'accumulation de pollution dans les réseaux pluviaux », précise Pascal Kohaut. En revanche, le modèle marin, lui, a bien montré le déplacement du panache de pollution. A posteriori, il permet de comprendre pourquoi les analyses de l'ARS effectuées le matin du 26 août témoignaient d'une contamination, alors que les prélèvements réalisés par Saur l'après-midi du même jour n'en décelaient pas.