Après avoir été récompensée en 2009 pour son plan d'action Grenoble facteur 4 et pour son écoquartier de la Zac de Bonne, la municipalité grenobloise souhaite faire de sa presqu'île scientifique « un modèle en termes de développement durable ». Située à la confluence du Drac et de l'Isère, elle concentre la fine fleur des laboratoires français et internationaux (CEA-Leti, CNRS, ESRF-le Synchrotron, STMicroelectronics...), soit 3 000 salariés. Y résident 800 habitants, mais on n'y trouve ni équipements publics ni commerces, et ce quartier « sans âme » est totalement enclavé. Un défi à la hauteur du projet, puisqu'avec 250 ha et un million de mètres carrés à construire, l'objectif est d'accueillir, d'ici à 2015, 25 000 actifs, 10 000 étudiants et 10 000 habitants. Budget de l'opération : 1,7 milliard d'euros sur quinze ans.
Trois leviers seront utilisés pour aboutir à un bilan carbone neutre : les énergies renouvelables (microcentrales hydrauliques, généralisation du photovoltaïque), les économies d'énergie dans le bâtiment et une réorganisation des transports. « Nous avons choisi d'optimiser les infrastructures routières de manière à libérer de l'espace, souligne Georgina Campos, chef de projet chez Vasconi associés, le cabinet retenu pour définir le plan directeur. Le projet s'articule autour d'un axe principal desservi (en 2013) par le tramway et à partir duquel s'organisera le maillage du quartier. Le regroupement des parkings en silo le long des berges, la création de passerelles et d'une galerie couverte de panneaux photovoltaïques et de pistes cyclables visent à minimiser l'emprise de la voiture. » Parmi les modes de déplacements envisagés figure la mise en place d'une télécabine, de navettes électriques ou de minibus hybrides ou à pile à combustible développés dans les laboratoires de la presqu'île.
La ville compte aussi sur le développement des plans de déplacements entreprises (PDE) : en cinq ans, la part modale de la voiture de la presqu'île est passée de 75 à 40 % et plusieurs bâtiments du pôle Minatec (nanotechnologies) ont été conçus sans parking au profit d'un parc à vélos en libre-service. Côté habitat, architecture bioclimatique, ventilation double flux, eau chaude solaire et installations de cogénération à gaz, expérimentées dans le quartier de Bonne, sont d'ores et déjà prévues. « Ces technologies ont permis de pourvoir 100 % des besoins en électricité et 50 % du chauffage des 450 logements de ce quartier, se félicite Valérie Diorè, directrice de la Sem Innovia, maître d'ouvrage du projet. C'est un succès, mais nous devons aller plus loin. » Un bureau AMO énergie vient d'être désigné pour assurer, à terme, l'autosuffisance énergétique de la presqu'île