Le département du Haut-Rhin concentre quatre spécialistes reconnus de la désodorisation de stations d'épuration : Westrand, Europe Environnement, Garhin et Airépur. Ces PME ont multiplié les beaux contrats récemment.
Au sein de ce quatuor, Garhin et Airépur présentent un parcours commun. Nées dans la chaudronnerie plastique pour la fabrication de grosses cuves, elles sont arrivées à la dépollution de l'air il y a quelques années, au fil de leur diversification. Garhin (49 salariés et 8,5 millions d'euros de chiffre d'affaires) en fait un axe stratégique. « La dépollution de l'air représente 50 % de notre activité. Pour l'instant un peu plus en sous-traitance qu'en ingénierie de process, mais nous travaillons à inverser le rapport grâce à nos investissements en recherche et développement », souligne son dirigeant Bruno Schuffenecker. Depuis ce printemps, Garhin peut afficher une référence de poids : le traitement physico-chimique des rejets dans l'air de deux stations d'épuration du Syndicat interdépartemental pour l'assainissement de l'agglomération parisienne, un marché de 2 millions d'euros au sein d'un groupement OTV.
Pour Airépur (20 salariés, 2,4 millions d'euros de chiffre d'affaires), les stations d'épuration représentent également 60 % de son activité. L'entreprise joue la carte du réseau. Elle a initié ProEco2, une association de vingt-deux PME « à compétences multiples (analyse, études, mesures, installations clés en main, mise en service, SAV) couvrant l'ensemble des métiers de l'environnement », souligne Mathieu Ermel, président de ce réseau et PDG d'Airépur.
Europe Environnement fait figure de poids lourd en comparaison, avec ses 195 salariés et ses 21 millions d'euros de chiffre d'affaires qui en font une référence mondiale de la dépollution de l'air. Plutôt situé sur les rejets d'industries, le traitement des odeurs de stations d'épuration constitue un complément pour lui.
UN MÉLANGE D'ALDÉHYDES ET D'HUILES ESSENTIELLES
Toutes ces sociétés proposent le lavage physico-chimique, la biofiltration et l'adsorption par charbon actif, hormis Westrand qui a fait un choix différent. Elle a en effet choisi un procédé de neutralisation des odeurs par pulvérisation d'un mélange d'aldéhydes et d'huiles essentielles (lire Hydroplus n° 174, p. 48). Les stations d'épuration représentent un pilier de son activité au même titre que les décharges et les installations industrielles. Par ailleurs, ses marchés la conduisent de plus en plus à l'étranger, y compris pour le compte de Veolia Eau et Suez Environnement. « Nous sommes désormais présents dans vingt-cinq pays et l'export grimpe à 50 % de notre chiffre d'affaires », souligne Brice Kaszuk, le dirigeant de la PME de 20 salariés qui réalise 6,5 millions d'euros de chiffre d'affaires. Réalisant la désodorisation de 3,5 millions de tonnes de boues d'épuration à Saint-Petersbourg - entamée en 2009 pour 2 millions d'euros -, Westrand a remporté deux gros marchés supplémentaires cette année dans le traitement olfactif des eaux usées : une lagune dans la zone touristique marocaine de Tetouan où elle a installé une rampe de pulvérisation de plus d'un kilomètre ; sept bassins de la grosse station d'épuration (50 000 m3 de débit entrant) de l'immense parc chimique de Shanghaï (90 entreprises, 32 km2), une installation exploitée par Suez Environnement en joint-venture avec l'État chinois. Les réactifs brevetés qui y sont diffusés ont d'ailleurs été validés par un jury de « nez » chinois.