Oxyterre a pour ambition de concurrencer la désorption thermique pour le traitement de terres polluées en composés organiques peu volatiles. C'est, en effet, la solution la plus généralement retenue pour ces composés. « Ce traitement physique nécessite une installation complexe, notamment du fait de la génération d'un volume important de vapeurs qu'il est nécessaire de traiter et qui consomme beaucoup d'énergie », explique Claude Cédou, directeur adjoint au développement de Brézillon. La société a donc décidé d'imaginer un traitement chimique sur site, moins énergivore. Le procédé Oxyterre utilise certaines propriétés de réaction de la chaux vive (CaO) pulvérulente « qui n'avaient encore jamais été appliquées à la dépollution des sols, rappelle Claude Cédou. Les polluants visés sont les HAP et les PCB, sur lesquels porte essentiellement la demande, mais, sur le principe, Oxyterre traite tous les polluants organiques, même les plus complexes. »
Ce traitement nécessite l'excavation des terres polluées. Il passe par deux réactions successives : l'hydrolyse de la chaux et une réaction de dégradation complète des hydrocarbures. L'unité de traitement commence par une chambre pour le malaxage en continu de la terre avec la chaux. Ce contact enclenche une réaction exothermique qui fait monter la température du mélange à 110 °C : c'est la réaction d'hydrolyse. En sortie de chambre, le mélange est introduit dans un réacteur à vis chauffante régulée. « Son rôle est essentiel puisqu'elle permet de chauffer le mélange à 150 °C, une température qui marque le début de la réaction de dégradation des composés organiques », explique Claude Cédou. L'identification précise des mécanismes intimes de cette réaction de dégradation devrait faire l'objet d'une thèse au sein de l'université de Nancy. Quoi qu'il en soit, en sortie, l'abattement des concentrations en composés organiques présents dans la terre est proche de 100 %. Avec Oxyterre, le volume d'effluents gazeux (dioxyde de carbone, eau) rejetés est de l'ordre 500 m3/h, soit 100 fois moins que lors d'une désorption (qui libère les polluants non dégradés). Ces gaz sont traités dans un module particulier. « Et l'unité consomme entre 100 et 150 kWh par tonne de terres traitées, contre 600 à 1 000 kWh par tonne en désorption thermique », précise le directeur adjoint au développement. Avec de telles caractéristiques de fonctionnement, Brézillon annonce un procédé plus économique de 10 à 20 %. Sans oublier qu'après traitement, le matériau obtenu présente des caractéristiques pouzzolaniques intéressantes : « il peut être utilisé pour obtenir un matériau moins sensible à l'eau, c'est-à-dire compactable même si la teneur en eau varie fortement », éclaire Claude Cédou. Il est donc particulièrement adapté au traitement géotechnique du sol : en remblais tels que les sous-couches de chaussées, les assises de dallages ou encore le comblement de tranchées.
Brézillon dispose actuellement d'un pilote industriel qui traite 70 kg/h. L'unité de traitement finale sera dimensionnée pour recevoir 10 tonnes par heure. « Ce premier pilote industriel nous a permis de valider techniquement toutes les solutions du procédé. Nous travaillons sur un deuxième pilote, conçu pour être affranchi des effets d'échelle. Ainsi, pour passer de 1 à 10 tonnes par heure, il suffira d'en multiplier les dimensions par 10 », annonce Claude Cédou.