Hydroplus - Vous avez proposé en séance plénière d'ouverture du 12e Carrefour des gestions locales de l'eau un débat sur les conséquences de la réforme des collectivités locales sur la gestion de l'eau. Quels impacts craignez-vous ?
Thierry Burlot - La question du financement de la protection de l'eau se pose crucialement dans un contexte où diminuent les budgets européens et ceux des collectivités locales ; on a vu l'exemple des départements avec l'assainissement. La Région Bretagne vient de signer un contrat de bassin versant sur le Semnon de 1,4 million d'euros jusqu'à 2014 : c'est sûrement le dernier de ce type que nous pourrons signer ! Auparavant, la Région finançait les stations d'épuration au cas par cas. Désormais, il faudra lancer une réflexion plus globale avant d'agir. Une nouvelle étape financière commence. Chaque Schéma d'aménagement et de gestion des eaux [Sage] pourra s'organiser en Établissement public territorial de bassin [EPTB] qui pourra prélever une taxe pour le compte de l'agence de l'eau. Faudra-il créer vingt EPTB en Bretagne ou un seul EPTB breton ? Sachant que la facture d'eau des Bretons s'élève à 600 millions d'euros, soit la moitié du budget de la Région.
H. - Quels sont selon vous les meilleurs outils de gestion de l'eau ?
T. B. - Les Sage et les commissions locales de l'eau [CLE] sont les outils que nous souhaitons étendre à l'ensemble de la Bretagne : sept sont à ce jour approuvés et les treize derniers sont en cours d'élaboration. Les CLE, ces parlements locaux de l'eau, devront réfléchir aux solidarités amont-aval. Car, pour améliorer la qualité de l'eau à Paimpol, c'est à Châtelaudren-Plouagat, situé 30 km en amont, qu'il faut agir. Le Sage permet justement d'intégrer toutes les problématiques littorales, agricoles, touristiques, etc.
H. - Pourquoi la question de l'eau vous semble-t-elle essentielle pour le développement de la Région ?
T. B. - Le développement économique et social de la région ne pourra pas se réaliser sans une bonne gestion de l'eau ; ce n'est pas seulement un indicateur environnemental, mais aussi un indicateur du potentiel de développement économique. On prévoit 3,7 millions d'habitants en Bretagne en 2030, soit 500 000 de plus qu'aujourd'hui ; il faut que la capacité épuratoire suive le développement de la population. C'est pourquoi, tout en restant au sein de l'agence de l'eau Loire-Bretagne, nous plaidons pour un Schéma directeur d'aménagement et de gestion des eaux [Sdage] breton afin d'être plus opérationnel.