IBM, le géant de l'informatique, mise sur l'eau : il a en effet décidé de se pencher sur les questions liées aux ressources en eau et à leur raréfaction, en mettant à disposition des collectivités ses capacités de calcul et de modélisation. C'est ainsi que, fin 2009, le bien nommé Big Blue a inauguré à Montpellier un centre d'excellence pour la gestion de l'eau qui étudie notamment l'impact du changement climatique sur les ressources en eau de la région Languedoc-Roussillon.
COLLABORATION ÉTROITE AVEC LE CLUSTER EAU
Menées grâce à la simulation numérique, les missions de ce centre portent principalement sur le transport des sédiments, la rupture de digues, la gestion des aquifères complexes ou encore des systèmes lagunaires. La région languedocienne étant sujette à des pluies saisonnières et torrentielles, des actions sont également conduites pour bien comprendre le phénomène des inondations subites. La modélisation de ces dernières en milieu urbain permet aux villes de mieux anticiper l'évolution de ces inondations et leurs conséquences, souvent onéreuses.
Pour toutes ces missions, le centre d'excellence d'IBM collabore étroitement avec le Cluster Eau, qui est intégré dans le pôle de compétitivité à vocation mondiale et qui regroupe plus de 600 chercheurs et une cinquantaine d'entreprises.La spécificité du site montpelliérain d'IBM réside avant tout dans l'importance du calcul haute performance (HPC, pour High Performance Computing), utilisé pour les simulations numériques. « Le HPC offre la capacité de traiter, avec une grande précision, des problèmes plus complexes qu'avant, tout en réduisant le temps de calcul », explique Olivier Hess, responsable de ce centre.
Par rapport aux simulations numériques classiques, le maillage d'un quartier ou d'un milieu se fait désormais de façon plus fine et précise. La résolution des équations est ensuite dépendante du nombre de processeurs engagés.
UN CALCUL EN 3 MINUTES AU LIEU DE 5 HEURES
IBM possédant un cluster de 96 processeurs, le temps de restitution des résultats est grandement diminué, notamment lorsque le nombre de mailles dépasse 80 000. Lors d'une étude sur la qualité des eaux de baignade avec diffusion de polluants, le temps de calcul a, par exemple, été réduit de cinq heures à trois minutes. « Dans ce cas, le HPC a permis d'obtenir une simulation en temps quasi réel, ce qui améliore la gestion du risque pour les pouvoirs publics », détaille Olivier Hess. Outre les collectivités, les bureaux d'études et assurances sont également intéressés par les services proposés par IBM qui peut fournir, dans un temps compatible avec une prise de décision, des modélisations fines en intégrant une chaîne d'informations de plus en plus massive.
Le site de Montpellier vient compléter les compétences de deux autres sites mis en place en Europe par IBM. En Irlande, le centre a pour objectif de collecter des données en temps réel sur la qualité de l'eau, l'aquaculture, l'énergie des vagues et les marées afin d'aider les pécheurs locaux à gérer les récoltes de crustacés. Ces informations servent également aux équipes de sauvetage pour surveiller les courants et les invasions de méduses. Le centre d'Amsterdam joue quant à lui un rôle clé dans le programme 2015 de prévention des inondations du gouvernement hollandais et aide au développement de digues intelligentes.