L'opération lancée par 60 millions de consommateurs et la fondation France Libertés sur une période d'un an se présente comme une « oeuvre collective ». « Nous voulons faire remonter le maximum d'informations, puis effectuer tous les croisements possibles pour répondre à la question : payons-nous l'eau au juste prix ? », explique Marie-Jeanne Husset, directrice de la rédaction de 60 millions de consommateurs. L'enquête est réalisée sur Internet par les usagers eux-mêmes.
Sur le site www.prixdeleau.fr, ils renseignent une fiche, précisant le nom de leur commune, de leur fournisseur d'eau, leur consommation en mètres cubes, le montant total de leur facture, le montant éventuel de leur abonnement et celui dédié à l'assainissement, et enfin la date de la facture. Ils doivent joindre une copie scannée ou une photographie de cette facture : chaque contribution est vérifiée et validée avant d'être publiée.
DONNÉES OFFICIELLES AUSSI PRÉSENTES
Sur le site, les résultats collaboratifs apparaissent sous la forme de vignettes bleues sur une carte Google Maps. Des vignettes rouges indiquent aussi le prix de l'eau renseigné par les communes elles-mêmes dans l'observatoire national des services publics d'eau et d'assainissement, géré par l'Onema. Cependant, selon l'état d'avancement de la saisie des données par les communes, certaines d'entre elles se verront dotées d'un prix de l'eau incluant la seule eau potable, d'autres l'eau potable et l'assainissement.
CONFUSIONS
POSSIBLES
La confrontation des données risque donc d'induire des confusions. D'autant plus que les données de l'observatoire datent de 2009 (les données de 2010 ne seront pas disponibles avant juin 2011) alors que les factures des participants à l'enquête Prix de l'eau seront certainement plus récentes. D'autre part, les données de l'observatoire s'appuient sur une consommation type de 120 mètres cubes d'eau par an ; celles de l'enquête sur la consommation réelle des participants. Enfin, rien ne précise si le prix présenté par un participant inclut ou non un abonnement ou une part dédiée à l'assainissement collectif. Selon Emmanuel Poilâne, directeur de France Libertés, cela n'est pas gênant car l'un des buts de l'opération est « d'amener du questionnement : les citoyens seront incités à interroger leurs élus, qui se rendront compte que l'eau est une priorité pour le public ».
Le site permettra d'ailleurs à chacun d'écrire à sa mairie pour la sensibiliser sur l'existence de l'observatoire national. D'après Emmanuel Poilâne, seuls 5 % des 36 000 communes françaises ont renseigné la base de données gérée par l'Onema. Un chiffre rejeté par René Lalement, directeur de la connaissance et de l'information sur l'eau à l'Onema, qui parle plutôt de 23 à 24 %, tout en précisant que la plupart n'ont pas renseigné les 40 indicateurs possibles de l'observatoire.
Les résultats de l'enquête seront présentés à Marseille lors du forum mondial de l'eau en mars 2012.