Le Maroc a engagé, en 2005, l'Initiative nationale du développement humain (INDH). Figurent dans ce programme l'accélération des opérations de branchements sociaux aux services essentiels comme l'eau, l'assainissement, l'électricité. Les opérateurs privés et publics ont alors revu à la hausse leurs objectifs de desserte. À Tanger, où les services d'eau sont gérés par une filiale du groupe Veolia, ce dernier a souhaité évaluer l'effet d'une partie de ces branchements sociaux, ceux dits « individuels ». Ils concernent des foyers non raccordés, situés au sein de quartiers urbains où les autres habitations le sont. Généralement, c'est le raccordement à l'eau potable qui y manque. Ces familles avaient cependant accès à une eau de qualité à des bornes-fontaines.
Esther Duflo, économiste au Massachusetts Institute of Technology et codirectrice du Jameel Poverty Action Lab (J-PAL), a présenté mi-janvier les résultats de cette étude, menée par le J-PAL. Elle montre que, dans ce cas précis, « le raccordement a peu d'impact sur la qualité de l'eau consommée et sur la santé des populations. Il a cependant une influence importante sur la quantité d'eau consommée, qui augmente. Il génère aussi des gains de temps très importants, généralement utilisés pour des activités de loisir. Enfin, il fait disparaître une source de tensions au sein des ménages et entre voisins ». Autre constatation : dans le cas où la communauté a pris à sa charge l'investissement principal (création d'une adduction jusqu'au quartier), les personnes intéressées sont prêtes à payer le raccordement jusqu'à leur foyer, à condition que l'investissement soit étalé sur le temps : elles ont donc surtout besoin d'un accès au crédit pour financer le branchement.