La dureté qui traduit la teneur en ions calcium et magnésium d'une eau n'est pas réglementée. Mais face à une eau trop incrustante, les exploitants peuvent opter pour un traitement de décarbonatation. Le cas s'est présenté sur l'un des quatre-vingts forages du syndicat départemental des eaux de la Vienne (Siveer). À Archigny, la dureté atteignait 32 °f, doublée d'un fort potentiel de précipitation. « La majorité des 6 000 habitants concernés étaient déjà équipés d'adoucisseurs individuels. Lorsque nous leur avons proposé une solution de traitement collective moins chère – 40 euros par an –, ils ont été partants », explique Jean-François Demousseau, directeur des territoires au Siveer qui a inauguré sa nouvelle usine (90 m3 /h) en octobre 2013. Le syndicat a fait le choix du procédé d'électro-décarbonatation Erca2 d'Eautonic (Lyonnaise des eaux) basé sur l'électro-germination du carbonate de calcium. La dureté a été abaissée jusqu'à 18 °f et le calcaire généré est épandu en agriculture. « Les contraintes d'accès au site ont exclu des solutions qui engendraient trop de transport pour livrer les réactifs ou traiter les boues. Les gens préféraient aussi un traitement sans produit chimique. L'électrolyse, malgré sa consommation énergétique, s'est en outre révélée la solution la moins chère en termes de coût global », précise le responsable. Intimement lié à la qualité de l'eau brute, le choix d'un procédé d'adoucissement résulte en général d'un compromis technico-économique. Les résines échangeuses d'ions génèrent ainsi des éluats très concentrés qu'il faut traiter. Une option impossible pour le Siveer qui n'avait pas la capacité suffisante sur sa station d'épuration. La décarbonatation à la chaux ou à la soude précipite les ions calcium en carbonate de calcium. Capable de traiter de fortes concentrations, elle s'adapte bien aux eaux de rivières chargées en matières en suspension. En revanche, elle nécessite des réactifs et produit des boues. Sa variante, la décarbonatation catalytique permet, par injection de microsable, de récupérer le calcaire sous forme de billes solides, plus simples à éliminer. Enfin, les membranes de nanofiltration retiennent efficacement les ions mais leur coût les réserve avant tout à des pollutions organiques type pesticides. Une solution d'osmose inverse a été testée à l'échelle du pilote par trois usines du syndicat des eaux du Valenciennois (Sev) ; et adoptée à Vicq, où elle a été inaugurée en octobre dernier. « L'objectif est d'obtenir d'ici à juin 2014 l'agrément de la DGS pour éliminer le nickel, les perchlorates, le sélénium et des sulfates. Par conséquent, la dureté de l'eau serait aussi réduite de moitié et nous pourrions proposer une décarbonatation collective à nos usagers », souligne Jean-Marie Pezzoni, ingénieur chez Eau et Force, Lyonnaise des eaux.