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EAU

[Avis des pros] Vers une eau pure, sans calcaire et sans chlore

CHRISTOPHE PERROD, DIRECTEUR GÉNÉRAL DES SERVICES TECHNIQUES DU SEDIF, LE 5 MAI 2020
\ PUBLIÉ DANS HYDROPLUS N° 254
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[Avis des pros] Vers une eau pure, sans calcaire et sans chlore
Avec le triple objectif de distribuer une eau pure, sans calcaire et sans chlore, le Syndicat des eaux d’Île-de-Fance (Sedif) équipera d’ici à 2028 toutes ses usines d’un nouveau traitement par osmose inverse basse pression qui évitera la désinfection au chlore. La démarche est déjà engagée sur l’usine d’Arvigny (77).

Le Sedif, qui produit et distribue l’eau potable de 4,6 millions de Franciliens, place l’innovation et la satisfaction des usagers au cœur de ses préoccupations. Sur ses usines principales alimentées par la Marne, l’Oise et la Seine et sur les plus petites usines traitant des ressources souterraines, des filières complètes permettent déjà un bon abattement des micropolluants organiques. En outre, l’application d’une démarche multibarrière, couplant ozonation, rayonnement ultraviolet et chloration, assure une excellente désinfection de l’eau. Les filières sont exploitées au ratio de performance avec des objectifs d’abattement fixés pour Giardia. L’évaluation quantitative du risque microbiologique (QMRA) des installations montre que le risque microbiologique est bien maîtrisé. Les traitements par l’ozone et le chlore ont même pu être ajustés après l’implantation des UV. Le résiduel de chlore en distribution est adapté en fonction de la saison et des résultats bactériologiques. Un compromis est recherché entre garantie sanitaire de l’eau et qualité organoleptique et des postes de rechloration sont installés en réseau pour une répartition plus homogène du chlore.

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Cependant pour mieux répondre aux attentes des usagers en matière de santé, de qualité et d’économie et pour anticiper les évolutions réglementaires, le Sedif a décidé de perfectionner ses filières de traitement suivant trois objectifs. Fournir une « eau pure » en éliminant au-delà des normes les micropolluants comme les résidus médicamenteux ou les perturbateurs endocriniens. Il vise également à améliorer le goût de l’eau du robinet en réduisant fortement, voire en supprimant totalement le chlore en sortie d’usine, grâce à une eau biologiquement stable. Enfin, l’adoucissement de l’eau réduira les dépenses des consommateurs liées au calcaire.

Dans ce but, le Sedif s’est orienté vers la mise en place d’un traitement par osmose inverse basse pression (OIBP) en complément du traitement existant dans ses usines. Une première réalisation industrielle a été engagée sur l’usine d’Arvigny avec l’attribution d’un marché de conception-réalisation à la société Stereau, fin 2019. Cette usine située en Seine-et-Marne traite l’eau de la nappe des calcaires de Champigny produira en 2022 près de 22 000 m3/jour d’eau de qualité exceptionnelle, sans micropolluants, sans calcaire et dès que possible sans chlore, en associant les autorités sanitaires et via une grande rigueur sur le pilotage du réseau. Le projet consiste à insérer en fin de filière existante une unité de traitement membranaire. Ainsi, l’eau brute pompée en nappe traversera quatre filtres à charbon actif en grains (CAG) avant de passer par des préfiltres à 5 µm, puis par les membranes d’osmose inverse. L’eau sera ensuite reminéralisée par mélange avec de l’eau filtrée sur CAG à hauteur de 30 % du débit osmosé et mise à l’équilibre calcocarbonique par injection de soude. Une étape de chloration restera possible avant l’envoi en distribution, en fonction des obligations liées au plan Vigipirate. Le rendement hydraulique de l’étape membranaire sera de 85 % minimum. Les eaux de process seront évacuées en Seine par une conduite de rejet d’environ 7 km.

Cette nouvelle barrière membranaire va retenir les matières organiques, y compris leur part biodégradable, limitant la croissance bactérienne dans le réseau par apport de nutriments. Sous réserve de bonnes pratiques de gestion du réseau, il est alors possible de diminuer le résiduel de chlore, voire de le supprimer complètement. Car avec une eau de très bonne qualité, biologiquement stable et exempte de résidus organiques, les risques de reviviscence bactérienne dans les réseaux de distribution deviennent extrêmement faibles, même sans chlore. Le pilotage d’un réseau sans chlore demande cependant un suivi réactif, capable d’informer très rapidement et précocement de toute nouvelle tendance à la dégradation. Il est alors possible de répondre par des actions sur le réseau comme des chasses d’eau, voire dans les cas de contamination avérée de rechlorer temporairement le réseau. Les postes de chloration en réseau seront donc conservés, permettant aussi de se conformer à l’activation des consignes Vigipirate. Les procédures de suivi de la qualité de l’eau et de gestion du réseau sont encore en réflexion et devront être discutées avec les autorités sanitaires.

La réduction des matières organiques dans les eaux produites et les eaux en distribution permettra aussi de diminuer la formation des sous-produits chlorés, même si le potentiel de formation de ces composés est déjà faible sur les installations du Sedif grâce à la bonne maîtrise de la chloration.

Dans les projections actuelles, l’usine de Méry-sur-Oise pourrait passer de la nanofiltration existante à l’osmose inverse dès 2025, et les usines de Choisy-le-Roi et Neuilly-sur-Marne verraient la mise en service de leurs traitements membranaires en 2028. Pour les unités des trois usines principales, le coût du projet est estimé entre 800 millions et 1 milliard d’euros, soit une hausse de 15 à 25 centimes sur le prix de l’eau. Mais à comparer au surcoût actuel induit par le calcaire sur les dépenses des ménages, le bilan économique global du traitement membranaire sera largement positif pour l’usager avec un gain net estimé à 100 euros par an et par foyer. De même, le bilan énergétique est globalement positif, les économies induites pour les consommateurs étant supérieures à l’électricité utilisée pour le traitement membranaire. Quant à la qualité sanitaire de l’eau, elle sera renforcée et les consommateurs bénéficieront d’une eau aux propriétés gustatives améliorées. 


Crédit : DR
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