Agir à la fois sur l’amont et l’aval. Qu’elles soient vertes ou brunes, les algues foisonnantes imposent d’alléger la pression agricole mais aussi de valoriser les 20 000 à 50 000 t/an échouées en Bretagne et 50 000 t/an aux Antilles françaises (20 Mt/an à l’échelle caribéenne), défendent Mickaël Cosson (Côtes-d’Armor, Modem) et Olivier Serva (Guadeloupe, Liot), corapporteurs de la mission flash de l’Assemblée nationale sur la valorisation des algues. Les députés s’inscrivent dans « la double optique d’économie circulaire et de protection sanitaire, qui n’exclut pas la poursuite » de la réduction à la source, selon Mickaël Cosson. Un préambule sur le ton du « en même temps », en réponse aux ONG environnementales sceptiques sur une démarche menant à « une économie hors sol ».
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Valoriser les algues exige de les récupérer en mer avant leur échouage, qui amorce leur décomposition. « Les pêcheurs bretons et guadeloupéens y sont disposés », assure Olivier Serva. Les rapporteurs escomptent un appel à projets sur la création de plateformes de stockage à terre. La collecte d’algues au large éviterait la fermeture de plages due au risque sanitaire. Et aiderait à contourner la rareté de l’offre de service de ramassage : dans les Côtes d’Armor, seule une société se manifeste depuis 2019, « faisant monter les prix », témoigne Mickaël Cosson, ancien maire d’Hillion, dans la baie de St-Brieuc.
Si la cosmétique et la pharmacie restent des marchés de niche, la production de compost et de composants alimentaires est aujourd’hui mature (Oliver Serva a apprécié les « lasagnes à base d’algues »). Eau et rivières de Bretagne retient la filière compost, « low tech et locale » comme « sans doute la seule économiquement viable ». Les autres pistes (biocarburant, biogaz, plastique biodégradable, matériau de construction) buttent sur une recherche inaboutie et une « rentabilité économique à démontrer », admet Mickaël Cosson, appelant au lancement « de projets pilotes dans l’Hexagone et aux Antilles ». Car le marché algal mondial, monopolisé par l’Asie (99,5 %), s’apprête à décoller, « avec ou sans la France », note Olivier Serva : l’Organisation pour l’alimentation et l’agriculture prévoit son doublement d’ici 2032 à 11 Md$.
Mi-mars, le tribunal administratif a enjoint l’Etat à renforcer, sous dix mois, son action contre la pollution des eaux par les nitrates d’origine agricole et reconnu le préjudice écologique subi par la Bretagne. Dans la foulée, Murielle Lepvraud, députée LFI des Côtes-d’Armor, a déposé une résolution appelant à la création d’une commission d’enquête sur la prolifération des algues vertes.