À la ferme comme dans les vignes, s'équiper d'un dispositif de traitement des effluents phytosanitaires devient un choix cornélien. « Si l'exploitant choisit de les traiter sur une aire spéciale, une dizaine de systèmes sont à sa disposition, les plus connus étant basés sur la dégradation biologique, l'oxydation ou l'ultrafiltration. Mais ceux qui accélèrent l'évaporation de manière plus naturelle ont le vent en poupe », glisse-t-on à la chambre d'agriculture de la Haute-Marne. Deux équipements dominent ce dernier secteur : l'Héliosec, conçu par Syngenta, et l'Osmofilm, de la société Pantek. Leurs points communs : ils sont tous deux agréés par le ministère de l'Écologie et leur prix est d'autant plus raisonnable (entre 2 000 et 4 000 euros l'équipement de base) qu'à l'usage, ils ne nécessitent ni énergie fossile ni électricité. Ils se présentent différemment : le premier comme une bâche où les fonds de cuve et eaux de rinçage des pulvérisateurs se déshydratent à l'air libre sous l'effet du vent et du soleil ; le second comme un sac où l'effet de serre agit en quelques semaines. Dans les deux cas, il en résulte des résidus secs qui, en raison de leur dangerosité, doivent rejoindre une filière de traitement agréée. L'éco-organisme Adivalor s'en charge, mais recommande d'être prudent dans la manipulation des saches d'Osmofilm, réputées fragiles. Depuis peu, l'éco-organisme est autorisé à éliminer les bâches usagées d'Héliosec.
Le champ d'application d'Osmofilm est plus large : ces saches conviennent aussi pour sécher des produits dans la chimie, l'agroalimentaire, ou pour déshydrater et donc réduire le volume de déchets aqueux produits dans d'autres secteurs comme l'artisanat ou la mécanique. Des secteurs que cible également un nouveau venu sur ce marché, le procédé Ecobang, développé et autofinancé par Nicolas Vento. Le but : offrir une solution aux entreprises qui rejettent de faibles volumes d'effluents, mais n'ont actuellement pas d'autres recours que de les faire détruire par un prestataire spécialisé, pour un coût souvent élevé (de 200 à 700 euros la tonne). Son dispositif, résultat de deux ans de développement, s'utilise de préférence à l'extérieur et s'adapte à la plupart des cuves ou citernes. « Il force la circulation de l'air à l'intérieur pour accélérer l'évaporation et déshydrater les effluents afin de diminuer leur volume de plus de 90 % », explique l'entrepreneur.
L'équipement standard permet d'évaporer 1 000 litres de déchets liquides en trois à huit mois. « Son rendement dépend du produit à déshydrater et du climat de la région où il est installé. Passé trois à cinq ans d'utilisation, la cuve, remplie de 120 à 360 kg de boues déshydratées, doit être retirée et traitée par une filière adaptée », ajoute-t-il. À son faible coût d'achat (600 euros) et de fonctionnement (60 euros par an) s'ajoutent deux atouts : il est facile à installer et peut être livré sous forme de caisse-palette aux entreprises sans aire de rétention. C'est souvent le cas des artisans peintres, dont les eaux de lavage sont difficiles à gérer. Via une commande de la chambre de métiers et de l'artisanat de Meurthe-et-Moselle, certains d'entre eux testent le système. Les premiers retours sont attendus pour l'été. Des tests que l'on mène aussi chez BASF. Autre client : EDF, que l'entrepreneur vient d'équiper d'une cuve enterrée, ce qui a exigé du sur-mesure. En phase d'homologation, le produit sera soumis aux essais du Cemagref et de l'Institut français de la vigne et du vin en vue d'applications ultérieures sur le marché des effluents phytosanitaires.