Penser une stratégie commune en temps de crise. C'est à ce délicat exercice de sang-froid qu'invite le débat actuel sur la transition énergétique. Le gouvernement tente un grand écart entre consulter un grand public néophyte et rédiger un texte de loi sur des questions très techniques. Des sujets controversés – nucléaire, pétrole et gaz de schiste – sèment par ailleurs le trouble . Mais en croisant les expériences des professionnels numéro après numéro, Environnement & Énergie Magazine en arrive souvent à une même conclusion. Quel que le soit le domaine d'expertise, le besoin et le défi sont aujourd'hui de coopérer.
L'année 2013 sera certainement un entre-deux. Au sortir de ce tunnel, les renouvelables disposeront-elles de dispositifs tarifaires propices à leur essor ? Les certificats d'économies d'énergie (CEE) auront-ils gagné en ambition comme en sobriété administrative ? Le compteur électrique communicant aura-t-il résolu ses casse-tête de financement, de propriété et d'implication des usagers ? Inutile de se perdre en conjectures. Ni les réglementations, ni les mesures macroéconomiques sectorielles ne suffiront à développer un nouveau système énergétique. Les récents scénarios prospectifs de l'Ademe, par exemple, l'attestent. Dans la quête du « facteur 4 » en France – une baisse de 75 % des émissions de gaz à effet de serre d'ici à 2050 –, ils soulignent l'interdépendance entre bâtiments et transports. Les économies d'énergie réalisées dans les premiers d'ici à 2030 libéreraient les ressources renouvelables pour délivrer d'ici à 2050 les deuxièmes du pétrole. Si les outils existent (écoprêt à taux zéro, CEE, Zapa…), ils requièrent une coopération renforcée entre acteurs d'un même territoire.
Que l'on parle de « smart grid » ou de mobilité durable, le mix émergent est d'abord une combinaison de vecteurs énergétiques (électricité, hydrogène, chaleur, biocarburants…) et d'informations. C'est bien là le changement de paradigme. Ne plus penser production et consom mation. Mais en termes de flux et de réseaux, où les liens sont de plus en plus étroits. À l'heure où chacun, dans le débat, sera tenté de défendre sa filière, ne l'oublions pas : aussi qualitative soit-elle, une solution n'a désormais d'avenir que si elle rend l'ensemble meilleur.