Piloté par Iberdrola et Éole-Res, le consortium Ailes marines a été désigné comme l'un des lauréats de l'appel d'offres éolien en mer. D'un montant de 2 milliards d'euros, son projet porte sur la construction d'un parc de 500 MW, composé de 100 éoliennes, dont la plus proche serait située à 17 km de la côte bretonne. Le consortium, qui comprend aussi Neoen Marine, Areva et Technip, a engagé la période de levée de risques. Elle s'étalera jusqu'en octobre 2013 et inclut des études techniques et environnementales de faisabilité, le choix définitif des ports de logistique et de maintenance. Mais aussi la qualification des sociétés sous-traitantes.
La rencontre avec les entreprises locales a, en réalité, débuté dès la fin de 2011. « Depuis le départ, nous sommes soutenus par le conseil régional de Bretagne et les chambres de commerce. Nous avons organisé en mars un voyage avec quelques industriels bretons dans notre usine allemande, qui est déjà au stade industriel pour installer 600 MW en mer du Nord », raconte Philippe Kavafyan, directeur France d'Areva Wind. Le groupe fera appel à des sous-traitants pour les nacelles et le mât.
Cela concerne 300 références dans trois domaines : les composants mécaniques, les éléments de structure et les éléments électriques. « Ce dernier volet apporte beaucoup de valeur ajoutée et est particulièrement propice à la sous-traitance », souligne Philippe Kavafyan. Des accords de confidentialité ont déjà été signés avec une trentaine de sociétés. Des lettres d'intention ont aussi été signées avec sept entreprises. Parmi elles, l'Agence maritime de l'Ouest (AMO), armateur spécialisé dans l'affrètement des navires pour le transport de vrac et de colis lourds et la manutention. Avec quatorze salariés et 15 millions d'euros de chiffre d'affaires, cette PME « se positionne sur la logistique intersites entre les sites de fabrication et Le Havre, port d'assemblage », précise Thomas Garnier, son directeur transport.
Parmi les entreprises costar-moricaines approchées, figure également Brigant Polyester (douze salariés, 1,3 million d'euros de CA), spécialiste du composite. Jusqu'à 2008, elle produisait des silos pour l'élevage. Depuis, elle s'est diversifiée à hauteur de 20 % de ses ventes dans les citernes pour la récupération de l'eau de pluie et les cuves pour la méthanisation. « Notre entreprise est en forte croissance cette année : + 25 % environ. Le partenariat avec Areva nous intéresse pour poursuivre notre diversification. C'est un challenge pour une PME de travailler avec un grand groupe. Non seulement, cela motive le personnel, mais cela apporte aussi une évolution en termes d'exigence et de méthode », s'enthousiasme François Otmesguine, dirigeant de Brigant Polyester. La société se positionne sur la fabrication des pièces de la nacelle, comme le capot, et pourrait intervenir en Angleterre et au Pays de Galles avec ses nouveaux partenaires.
Mais être approché ne signifie pas être retenu. Même si, depuis le début, Ailes marines affiche clairement un objectif de préférence régional. « Nous nous sommes engagés dès l'appel d'offres à baser localement 18 % de la valeur d'une éolienne. Nous avons un plan d'aide au financement, nommé Areva Delfi, pour aider les PME à monter en puissance, précise Philippe Kavafyan. Par ailleurs, nous allons mettre sur pied un calendrier de formation. Nous en avons déjà discuté avec le conseil régional et le rectorat. » L'ouverture de la filière de niveau BTS est prévue à la rentrée 2013.