On connaît GRTgaz, le principal gestionnaire du réseau de transport de gaz naturel en France, on connaît moins le second, TIGF (Total infrastructures gaz France), qui couvre le sud-ouest du pays. Riche d'un réseau de 5 000 kilomètres de tuyaux, TIGF est juridiquement une filiale de Total, comme GRTgaz en est une de GDF Suez. Mais la directive européenne sur le marché du gaz spécifie qu'on ne peut être opérateur de réseau en même temps que fournisseur d'énergie, du moins pas avec un même intitulé et une même gouvernance d'entreprise. Cela, afin de ne pas entraver la libre concurrence. Or, malgré son « code de bonne conduite pour un accès libre et égal des tiers au réseau », TIGF a été épinglée sur ce point, ce qui a poussé Total à envisager une cession. L'information a été révélée cet été, puis démentie, puis de nouveau accréditée. Le conseil d'administration, présidé par Bernard Clément, a été saisi du souhait de Total de s'accorder jusqu'à fin décembre une « réflexion quant à [sa] position d'actionnaire au sein de sa filiale ». Les salariés redoutent une prise de contrôle par un fonds d'investissement étranger. Mais ils savent que leur entreprise pourrait bien prendre le chemin emprunté par les réseaux de transport allemand et italien, que respectivement E.On et ENI viennent de céder, en partie ou en totalité. La valorisation de TIGF avoisinerait les 2,8 milliards d'euros.