Il y a trois façons de considérer le débat en cours sur la transition énergétique. Vu de Paris d'abord, l'enjeu reste de lever les verrous hérités d'un passé centralisé. L'objectif ? S'accorder sur un diagnostic et un cap communs pour trouver un consensus minimal entre les sept collèges du conseil national du débat. Dans les territoires ensuite, il s'agit plutôt de montrer que, sur le terrain, la transition a déjà débuté. À cet échelon intermédiaire, la priorité est de mettre en cohérence des initiatives qui se multiplient. Mais l'angle de vue le plus révélateur sur l'évolution du débat se trouve à la base de la pyramide.
Là, l'énergie sort de sa sphère technocratique. Elle acquiert même une dimension démocratique. En témoigne la Journée citoyenne annoncée pour le 25 mai. Dans chaque région, un panel représentatif de Français sera sollicité pour réfléchir et contribuer au débat. Le protocole d'organisation prévoit un socle partagé d'interrogations, auquel s'ajoutera une question choisie localement. S'il ne faut pas y voir l'alpha et l'oméga des futures politiques, la tendance est incontestable : la dimension citoyenne prend une place grandissante. Elle est même devenue incontournable si l'on considère que les retours en arrière sont impossibles. L'énergie s'inscrit en effet dans un contexte plus large de démocratisation des questions environnementales, comme en atteste la parution, fin 2012, de la loi sur la participation du public. Les Journées du patrimoine de l'énergie, prévues les 29, 30 et 31 mars, offriront en termes de sensibilisation une opportunité à ne pas manquer. Les collectivités et les entreprises auront l'occasion d'ouvrir au public les portes des installations énergétiques françaises.
Derrière cette montée en puissance citoyenne et locale, apparaît la question de la gouvernance énergétique. Sa réforme s'impose comme la grande gagnante du débat actuel, sous l'impulsion notamment des collectivités qui acquièrent de nouvelles compétences. Attention, toutefois, à ne pas la réduire à la seule décentralisation des responsabilités. L'équilibre entre les différents territoires, entre le service public et le marché, entre les PME et les grands groupes en sont autant de facettes encore insuffisamment explorées.