Le moratoire de la fin de 2010 sur les tarifs d'achat photo voltaïque a fait perdre « environ 10 000 emplois à la filière », comptabilise Richard Loyen, délégué général d'Enerplan. Et compte tenu du manque de visibilité actuel, « il est possible qu'elle en perde encore plus. »
Car le photovoltaïque ne se porte pas bien en France. Il ne comptait en septembre 2012 qu'environ 3 GW installés et de 18 000 emplois, alors que l'Allemagne, par exemple, affiche plus de 31 GW installés à la fin de 2012 et 110 000 emplois. En cause : le moratoire sur les tarifs d'achat instauré à la fin de 2010. Mais aussi plusieurs lacunes. Le cabinet de conseils PwC a publié une étude sur l'avenir de la filière, en identifiant cinq axes de développement qui pourraient permettre à la France de rattraper son retard.
Le premier serait de faciliter l'accès aux financements, en poursuivant les investissements semi-publics et publics, tels que les Investissements d'avenir. Le deuxième serait de renforcer les critères de qualité sociétaux et environnementaux dans les appels d'offres. Une idée qu'approuve Romain Poubeau, responsable de la filière photo voltaïque au Syndicat des énergies renouvelables (SER) : « Nous avons en effet demandé au gou vernement de valoriser le contenu industriel local et de renforcer la qualité des offres soumises ».
Le troisième point clé serait de développer l'amont de la filière : « Environ 20 % de la chaîne de valeur échappent déjà aux acteurs français en l'absence de production des cellules et modu les. Mais, aujourd'hui, environ les deux tiers des emplois du secteur se situent en aval, du côté de l'installation », détaille Olivier Muller, directeur du département développement durable chez PwC. Une analyse que tempère Richard Loyen : « Nous sommes capables d'être présents ailleurs sur la chaîne de valeur, notamment en produi sant des systèmes de sécurité, des onduleurs, du matériel élec trique, etc. » Le quatrième axe consisterait à mettre en place des coopérations industrielles, dans l'Hexagone et à l'étranger, qui permettraient aux entreprises françaises de rattraper plus facilement leur retard et de mutualiser les coûts de production.
Enfin, PwC encourage le soutien à la R&D, particulièrement dans le domaine de la construction durable. À l'horizon 2020, en effet, le photovoltaïque peut jouer un rôle clé pour les bâtiments à énergie positive… à condition que les solutions technologiques soient au point. « La R&D française est excel lente, avec deux grands pôles, l'Institut national de l'énergie solaire et l'Institut photo vol taïque d'Île-de-France, ainsi qu'une cinquantaine de labora toires de recherche qui travaillent sur tous les aspects de la filière », note Romain Poubeau.
Reste à accélérer le transfert industriel. Étant donné les conditions actuelles du marché, déclencher les investissements associés est difficile. Et c'est surtout là que le bât blesse : le secteur ne dispose pas de la visibilité à long terme ni des objectifs qui pourraient stimuler les investisseurs. « Il nous faut un cap, qui impose par exemple 20 GW ins tallés d'ici à 2020 et les moyens pour y arriver », interpelle Richard Loyen. Pour Enerplan comme pour le SER, cela passe par l'orientation du marché vers l'autoconsommation. l