Après Muguet, Trianon, Beaubourg, Roseau et Fougère, le prochain pylône que plantera RTE s'appellera Équilibre. Tout un symbole ! Il équipera la ligne THT Avelin-Gravelle entre Arras et Lille. Le choix résulte d'une démarche peu ordinaire de RTE, qui a carrément organisé un appel à projets auprès de binômes associant designers et bureaux d'études spécialisés en électricité et mécanique. Si le projet a intéressé près de 30 groupements, trois seulement ont finalement franchi les étapes successives de sélection sur la base d'un cahier des charges très exigeant de RTE. « Nous avions en plus des critères techniques et de facilité de maintenance des critères environnementaux et sanitaires, comme la diminu­ tion du bruit et de la valeur du champ magnétique, la réduction de l'impact carbone et du nombre de composants ou encore la prise en compte de la biodiversité », explique Jean-Louis Carlier, directeur de projets de RTE. La démarche s'insère dans une vaste et longue procédure de concertation qui se poursuivra quasiment jusqu'au début des travaux, prévus en 2016. Cinq commissions, énergie et économie, santé, agriculture, paysages et milieu naturel de 20 à 25 personnes représentant les collectivités, les services de l'État, les associations et les citoyens se réunissent toutes les six semaines depuis octobre 2012 pour discuter du projet. « Pour en faciliter l'accep­ tation, nous avons privilégié une concertation très longue, qui va bien au-delà de nos obligations réglementaires. Nous discutons du fuseau, du tracé, du choix du pylône et de leur em pla cement », précise Jean-Louis Carlier. C'est dire que le choix du modèle de pylône n'a pas été pris à la légère puisqu'il va rythmer le paysage sur une trentaine de kilomètres aux profils variés. « Le pylône Équi­ libre a été plébiscité par la com­ mission paysage et les riverains. En plus de son design très épuré en acier rappelant l'histoire indus­ trielle du Nord-Pas-de-Calais, il a aussi des qualités techniques bien supérieures aux modèles exis­ tants, notamment une très faible emprise au sol de l'ordre de 9 m2 (près de 80 m2 habituellement, ndlr), un bruit considérablement réduit et un champ magnétique à la fois plus faible à l'aplomb et à décroissance plus rapide. En outre, sa conception n'impose pas de pylône d'ancrage normalement indispensable dès qu'un change­ ment de direction suit un angle supérieur à 10 degrés », justifie Jean-Louis Carlier. L'enjeu est de taille car au coût du pylône, mieux vaut le produire en nombre. Équilibre sera 25 % plus cher qu'un pylône classique dont le coût total dépasse quand même le million d'euros au kilomètre. L'investissement est donc important : Avelin-Gravelle pourrait compter entre 15 et 50 pylônes, mais les 1 000 km de nouvelles lignes prévues d'ici à 2025 en nécessiteraient environ 3 500.