En octobre dernier, lors des États généraux du solaire thermique, la première intervention a donné le ton : « On se fait du souci. L'Ademe ne pourra pas résister indéfiniment à la pression de Bercy. Il faudrait pouvoir affirmer que, dans un avenir proche, des résultats seront visibles, avec une baisse des prix et des installations qui fonctionnent », a prévenu Rémi Chabrillat, responsable de la direction production et énergies durables à l'Ademe. Les difficultés auxquelles fait face la filière ont été listées dans « l'analyse de la compétitivité et du développement de la filière solaire thermique en France », commandée par l'Ademe et présentée lors des États généraux. Ce document a été réalisé par Ernst & Young, le bureau d'études Tecsol et Trenkner Consulting. Il se base sur 34 entretiens et de nombreux retours informels.
Quel est le constat ? « Depuis trois ans, la vente d'installations individuelles a fortement baissé. Le solaire thermique collectif a progressé de 20 % par an, mais il a stagné en 2013 », constate François Gibert, vice-président du syndicat Enerplan. En individuel, la filière a été éclipsée par le solaire photovoltaïque. « Les particuliers ont en tête l'idée d'une rente payée par EDF et ne comprennent plus l'intérêt du solaire thermique », regrette Gaël Parrens, dirigeant de l'installateur Aqua Sun. Concernant le collectif, la croissance constatée ces dernières années était liée à la réglementation BBC. Depuis début 2013, la réglementation thermique 2012 ne l'encourage plus aussi fortement et le niveau d'exigence pour les bâtiments collectifs est réduit jusqu'à fin 2014. De plus, « à la suite de mauvais retours d'expériences, certains maîtres d'œuvre et maîtres d'ouvrage pensent que le solaire thermique ne fonctionne pas », souligne le rapport.
Pour résoudre ces problèmes, le document formule plusieurs recommandations. Premier point : la formation des installateurs et des bureaux d'études devrait être renforcée. Concernant la qualité, divers axes d'amélioration sont aussi proposés, dont la promotion de schémas d'installations de qualité dans le collectif, de nombreux schémas étant conçus en dépit du bon sens et ne fonctionnant pas. Troisième orientation : faire baisser le coût global, par exemple en renforçant la R & D et en réalisant des projets de grande envergure. François Gibert fait savoir que, « grâce à des technologies plus simples, notamment la technique autovidangeable, le prix des installations a déjà baissé d'environ 20 % depuis deux ans ». Cette tendance est toutefois trop récente pour apparaître dans le rapport. Sur les installations collectives, le rapport pointe des coûts de maintenance qui dépassent très souvent les économies réalisées. Pour limiter ces frais, des bailleurs expérimentés ont combiné un suivi automatique et des interventions uniquement curatives. Le rapport préconise de généraliser cette pratique. Quatrième axe : communiquer pour améliorer l'image du solaire thermique et casser la confusion avec le photovoltaïque. « Il faudrait davantage parler des installations posées il y a six ou sept ans, qui fonctionnement parfaitement », suggère Gaël Parrens.
Et maintenant ? « Nous allons nous insérer dans le cadre des projets de structuration des filières soutenus par le ministère du Redressement productif », annonce François Gibert. Cette démarche pourrait inciter les industriels à se grouper autour de projets de développement, par exemple le contrôle automatisé des performances, la maintenance assistée, les réseaux de chaleur ou encore les capteurs hybrides.