En 2020, 338 éoliennes devraient tourner au large de Fécamp (76), de Courseulles-sur-Mer (14), de Saint-Brieuc (22) et de Saint-Nazaire (44). D'autres suivront deux ans plus tard, si le deuxième appel d'offres se concrétise. Pour concevoir, construire, installer et suivre les éoliennes du premier, les industriels tablent déjà sur 9 000 emplois, principalement pour la construction du matériel et des fondations. Et les échéances vont arriver vite : si le calendrier est respecté, la fabrication des soubassements, pales, mâts, moteurs et sous-stations électriques s'échelonnera de 2 016 à 2 018. Les parcs, quant à eux, seront érigés entre 2016 et 2020.
Chaque étape relève de métiers spécifiques. Par exemple, les chantiers d'assemblage et l'ins-tallation des parcs nécessi-teront des opérateurs de grues, des mécaniciens offshore et des ensouilleurs automaticiens (pour la pose de câbles sous-marins). « L'exploitation des parcs et la maintenance, qui mobiliseront environ cent personnes par site pendant vingt-cinq ans, seront notamment assurées par des techniciens de maintenance, des spécialistes de la supervision ou encore l'équipage de navires », liste Anne-François de Saint-Salvy, directeur des projets du deuxième appel d'offres à EDF Énergies nouvelles.
Pour anticiper ces besoins, plusieurs groupes de travail ont été constitués. C'est le cas de Compétences 2020, pilotée par le conseil régional des Pays de la Loire. La démarche porte notamment sur les énergies marines renouvelables. Les industriels, les collectivités et les centres de formation y définissent les besoins, recensent les formations dispensées et celles à créer. Premier enseignement : la plupart des métiers existent déjà, mais certains, comme celui de soudeur, sont déjà sous tension. D'autres doivent être adaptés, par exemple technicien de maintenance. Un groupe de travail a été monté spécialement sur ce métier. « Nous dressons un état des besoins réels. Il nous est apparu nécessaire de réformer le BTS maintenance industrielle, renommé dès cette rentrée maintenance des systèmes avec une option éolien », explique David Saint-André, responsable du pôle industrie au Syndicat des énergies renouvelables. Après avoir suivi quelques compléments de formation, par exemple sur le travail en hauteur ou sur le risque électrique, ces techniciens pourront intervenir sur les éoliennes en mer.
L'École centrale de Nantes propose, elle, des cours sur les énergies marines renouvelables dans le cadre de son option « océan », qui préparait initialement aux métiers de l'industrie navale et du pétrole offshore. De son côté, l'Institut de recherche technologique Jules-Verne réfléchit à un cursus formant à la réalité virtuelle. « L'immersion dans des situations 3D, avec des lunettes spéciales ou un mur-écran, pourrait offrir aux étudiants une première approche de situations comme l'hélitreuillage ou l'accostage », propose Bruno Salmon-Legagneur, directeur de formation à l'IRT Jules-Verne. La décision de lancer ou non ce projet sera prise à la fin de l'année. Plus généralement, les nouvelles formations pour l'éolien offshore démarreront à la rentrée 2015. Pour inciter les étudiants à se lancer dans ces métiers, les entreprises vont à leur rencontre. « Nous participons à des forums de l'emploi, allons dans des lycées et des établissements secondaires », témoigne Pierre Warlop, responsable industriel chez le développeur de parcs WPD offshore. l