Comment redorer l'image d'un ensemble d'immeubles vieil lis sant, cumulant charges de chauffage élevées et problèmes d'humidité, avec son lot de pré carité et de pathologies liées ? La Ville de Caen et son bras droit en matière de logement collectif, Caen Habitat, n'ont pas fait les choses à moitié et pres crit dès 2010 une opération de réhabilitation lourde. Lourde, mais première particularité du chantier, en site occupé, sans qu'aucun locataire n'ait à démé nager. Mission confiée à l'entre prise Quille Construction, dont c'est la spécialité et qui parvient à cadencer les changements de menuiseries extérieures sur quarante-huit heures.
Sous l'œil d'un coordinateur, zones de travail, règles de cir culation et flux de livraison des matériaux d'isolation (stoc kés tout près) ont été pensés pour réduire la gêne inhérente aux interventions. Celles-ci se sont échelonnées sur deux ans sur quatre groupes de bâti ments comprenant de 30 à 230 logements. « Avec des pics à 100 ouvriers répartis sur trois équipes de chantiers, ce fut intense. Mais en commen çant en novembre 2012 pour terminer ce mois-ci, le contrat est respecté », peut se targuer Denis Brochard, directeur patrimoine du bailleur. Les couvertures en ardoise ont été changées, les combles et façades isolés (panneaux en ciment ou en résine composite), les fenêtres et ventilations remplacées et aux vieilles chaudières individuelles au gaz se substituent des modèles performants à condensation. Résultat : les 730 logements construits dans les années 1970, véritables passoires thermiques, sont devenus économes, pas sant de la classe E à B et donc au niveau BBC Effinergie Rénova tion (104 kWh/an/m²). « Les 70 % d'économies de charges de chauffage et d'eau chaude sanitaire visés ne seront pas tout de suite atteints. Mais selon les premières mesures réalisées, les gains énergétiques atteignent déjà 50 % », se réjouit Denis Brochard.
Seconde particularité du chantier, son impact modéré sur les loyers. Outre les aides du Feder, du conseil régional, de l'ag glomération et de la ville, Caen Habitat a mis la main à la poche et contracté un emprunt pour financer les 20 millions d'euros de travaux, soit 28 000 euros par logement. Pour ne pas trop le répercuter sur les loyers, un accord reposant sur les écono mies générées a été trouvé avec les associations de locataires. Par exemple, en cas de réduction de 500 euros par an sur la facture de gaz, le bailleur en réclamera 60 %, soit 300 euros au titre d'une par ticipation aux frais. « Une logique gagnant-gagnant, qui prendra forme dès 2015 sur les quittances, via une troisième ligne, en plus du loyer et des charges », pré cise Denis Brochard. Pour que les économies attendues per durent, l'association caennaise Unir la ville rencontrera chacun des 2 000 locataires pour les sen sibiliser aux comportements ver tueux et éviter qu'amélioration du confort rime avec surchauffe et surconsommation. Tout est donc fait pour contrer le fameux effet rebond. l