Pilote Valoriser le CO2, une utopie ? Pas Sur le marché pour l'Institut des énergies décarbonées et écotechnologies de Lyon (Ideel), qui a lancé en 2014 deux programmes de recherche collaboratifs de quatre ans, Vallorco et VallCO2 . Le premier, porté par Arcelor Mittal et une dizaine de partenaires (dont Ifpen), pour un budget total de plus de 17 millions d'euros, a pour but de réduire et valoriser les émissions de CO2 de l'industrie sidérurgique. Ideel intervient notamment sur la production d'acide formique (CH2O2) à partir du CO2 par un procédé d'électroréduction. Le second, porté par Solvay pour un budget de près de 4 millions d'euros, étudie trois voies de valorisation du CO2 : la production d'acide formique, d'hydrogénocarbonates minéraux ou de carbonates d'alkyle. Ces produits sont soit utilisés dans l'industrie chimique, soit servent au stockage d'énergie. Dans le cas de l'acide formique, le processus repose sur le même principe que le stockage par hydrogène, sans les inconvénients de ce gaz très léger qu'il faut comprimer. À ce jour, les chimistes consomment 100 millions de tonnes de CO2, principa lement pour la fabrication d'urée, selon l'Ideel. Les quantités de CO 2 valorisables à long terme sont estimées à 1 milliard de tonnes pour l'industrie chimique et autant pour les produits à valeur énergétique. Mais, « ces réactions chimiques ne fonctionnent qu'avec du CO2 très pur, donc ce n'est pas rentable, explique Églantine Flottes, responsable du département énergie de l'Ideel. Notre but est de valoriser le CO2 à large échelle, avec une pureté moyenne. Mais le modèle économique n'est pas encore clair, il faudra forcément un soutien public ou une volonté forte des industriels d'améliorer leur image environnementale. » Un bâ timent vient d'être aménagé afin d'accueillir les pilotes préindustriels pour ces projets. Ils permettront de tester différents catalyseurs et différentes puretés de gaz. « Le premier pilote sera construit en 2015 pour la valorisation énergétique et un second pour la production de carbonates d'alkyle le rejoindra en 2016 », indique Éric Larrey, directeur général de l'Ideel. Des travaux plus en amont porteront également sur la photocatalyse. les chercheurs de l'ideel développent en parallèle un outil d'aide à la décision pour les industriels émetteurs de CO 2 . « Nous nous basons sur notre connaissance des procédés et sur des données détaillées fournies par nos partenaires pour des sites types, indique Églantine Flottes. Nous pouvons également nous déplacer chez les industriels, afin d'analyser la composition de leurs rejets contenant du CO2 (la nature et la quantité des impuretés) ainsi que la température, la pression et la concentration. Nous regardons également si de la chaleur fatale est disponible, si les produits formés pourraient être autoconsommés ou si un réseau de gaz existe à proximité dans lequel il serait possible d'injecter du biométhane. » Objectif : caractériser les différentes voies de valorisation du CO2 et aider l'industriel à choisir la mieux adaptée. Ces études sont complétées par une cartographie des émissions industrielles en France, afin d'identifier les principaux émetteurs de CO2 . Au-delà de la valorisation de ce gaz, Ideel propose des solutions de réduction de la consommation d'énergie, de substitution de matières premières et d'énergies fossiles par de la biomasse. l CM