La finance participative se sent pousser des ailes. Qu'on en juge. Le 9 février, Valorem a lancé une opération sur la plateforme Lendosphere pour emprunter 60 000 euros. Son objectif : développer un parc de huit éoliennes, dont la mise en production est annoncée pour la fin 2016. La campagne se termine dans les prochains jours. Le 16 février, la plateforme Lumo a bouclé les appels à prêteurs pour ses premiers projets, deux toitures solaires en Poitou-Charentes, avec la SEM Sergies. La France vient à peine de finaliser son cadre légal, fin 2014, que la course à l'épargne citoyenne s'accélère. On connaissait déjà le fonds Énergie partagée. Avec un principe différent, l'actionnariat, il a réalisé à l'automne dernier sa troisième collecte. Signalons aussi l'ouverture en janvier, par le Crédit coopératif, d'un livret d'épargne pour soutenir la Troisième Révolution industrielle du Nord-Pas-de-Calais. En deux semaines seulement, il a atteint le million d'euros.
Trublions de l'économie, ces initiatives proposent de nouvelles voies et, sous des statuts variés, bousculent l'ordre établi. Même si elles ne suffisent pas à soutenir la transition énergétique, elles ont le mérite de stimuler l'univers encore trop frileux de la finance conventionnelle. Novethic, filiale de la Caisse des dépôts, a passé au crible les engagements de trente-deux des plus grandes banques et assurances européennes, dont sept françaises. Son verdict ? Peu à peu, ces acteurs traditionnels intègrent à leur stratégie des critères liés à l'envi ron nement, au social ou à la gouvernance. Mais la route est encore longue. Les données qu'ils communiquent sont souvent éparses, hétérogènes et sans réelle mise en perspective. Bien que réels, leurs financements verts correspondent davantage à une adaptation à l'évolution de l'économie qu'à une réorientation volontariste et massive des moyens dont ils disposent. En bref, cette finance ordinaire n'a pas encore fait de la transition énergétique un investissement courant. C'est dans cette brèche que s'engouffrent aujourd'hui les offres dites citoyennes. Avec le consortium Citizenergy, dont fait partie le français Lumo, un portail européen est même en train de se construire. L'heure n'est plus aux expérimentations pour la finance participative, mais au changement d'échelle.