Alors que l’immobilier tertiaire concentre à lui seul un tiers des consommations énergétiques et des émissions de gaz à effet de serre du parc immobilier français, l’étude menée par iQspot révèle une tendance encourageante : plus de la moitié des bâtiments analysés (52%) toutes typologies d’usage confondues (bureau, commerce, hôtel, parc d’activités, logistique, …) respectent déjà les objectifs du décret tertiaire fixés pour 2030.
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Les immeubles de bureaux s’illustrent notamment comme les plus en avance, avec 61 % d’entre eux déjà en conformité, contre 54 % pour les commerces et seulement 18 % pour les parcs d’activité, souvent plus complexes à piloter en raison de leur taille et de la diversité de leurs usages.
La surface des bâtiments joue également un rôle déterminant. Les plus performants sont ceux de petite et moyenne taille : entre 53 % et 59 % des bâtiments de moins de 10 000 m² respectent les objectifs du décret, tandis que cette proportion chute dès que la surface dépasse ce seuil, tombant à 45 % pour ceux de 10 000 à 15 000 m², puis à 38 % pour les grands ensembles de plus de 15 000 m². Une tendance qui reflète les difficultés croissantes à maîtriser les équipements techniques et les comportements des occupants à mesure que la taille des bâtiments augmente.
Plus de 40 % d’économies d’énergie pour les monolocataires
Entre 2020 et 2024, les bâtiments suivis par iQspot ont réalisé en moyenne 32 % d’économies d’énergie, témoignant d’une dynamique de transformation bien engagée dans le secteur tertiaire. La consommation moyenne est ainsi passée de 148 kWhef/m² à 101 kWhef/m². Un seuil qui place nombre de bâtiments en bonne voie pour atteindre, voire dépasser, les exigences du décret tertiaire.
Cette performance énergétique s’avère encore plus marquée dans les bâtiments monolocataires, qui enregistrent en moyenne 41 % d’économies sur la période, contre 30 % pour les bâtiments accueillant plusieurs locataires. Une différence notable, souvent liée à une plus grande facilité de sensibilisation et d’action quand un seul occupant est impliqué.
L’Energy Management : un levier structurant
Si l’usage d’un bâtiment ou sa configuration locative influencent naturellement les performances énergétiques, un levier ressort de manière décisive dans les résultats de l’étude : la présence d’un système de monitoring énergétique. Ce suivi consiste à mesurer en continu, et en temps réel, les consommations d’énergie pour identifier rapidement les dérives et ajuster les paramètres de fonctionnement.
Mais c’est en combinant ce suivi avec une démarche structurée d’Energy Management (EM) que les gains deviennent pleinement significatifs. Fondée sur l’observation, l’analyse et l’ajustement des usages énergétiques, cette approche optimise les usages sans nuire au confort en agissant au quotidien sur des écarts souvent invisibles – comme un chauffage maintenu la nuit, une ventilation active dans des espaces vides ou des consignes de température mal calibrées.
L’effet de levier est particulièrement clair dans les immeubles de bureaux, qui composent près de 70 % de l’échantillon étudié. Entre 2020 et 2024, les bureaux bénéficiant d’un suivi EM ont réalisé jusqu’à 35 % d’économies d’énergie, contre 26 % pour ceux disposant d’un monitoring seul. Et c’est en dehors des heures d’activité (nuits, week-ends, jours fériés) que l’impact est le plus marqué : les économies y sont trois fois plus élevées, atteignant jusqu’à 43 % dans les bureaux suivis. Ce différentiel se retrouve également selon les zones du bâtiment : alors que les parties communes, plus facilement optimisables grâce aux systèmes techniques (chauffage, ventilation, climatisation), permettent déjà des économies (29 % sans EM, 39 % avec EM), seules les parties privatives équipées d’un suivi EM enregistrent des gains significatifs – jusqu’à 25 %, contre aucun en l’absence de suivi car elles supposent des actions ciblées et d’une implication active des occupants.
« L’Energy Management est un levier discret mais essentiel de la décarbonation. Il transforme les bâtiments en acteurs actifs de la transition, sans perturber leur usage. Notre étude le montre clairement : la réduction des consommations en dehors des heures ouvrées représente un gisement majeur, encore largement sous-exploité. Des économies concrètes sont possibles dès aujourd’hui, grâce à des outils déjà disponibles, sans travaux coûteux, précise Julien Bruneau, cofondateur d’iQspot. Les professionnels du secteur en sont pleinement conscients et s’engagent activement : s’il reste encore du chemin à faire, la trajectoire carbone imposée par le décret Tertiaire est désormais bien amorcée ».
Les chiffres à retenir :
52% des bâtiments tertiaires analysés respectent déjà le décret tertiaire 2030
101 kWhef/m² : consommation moyenne en 2024
32 % en moyenne d’économies d’énergie réalisées entre 2020 et 2024 grâce au monitoring en temps réel
Économies d’énergie avec Energy Management et sans Energy Management, dont :
35 % pour les bureaux disposant d’Energy Management (EM)
26 % pour les bureaux sans EM
43% d’économies sont réalisés en heures inactives sur les bureaux avec un suivi EM