À l'heure du numérique et de l'internet des objets, la domotique diversifie ses interfaces : ordinateurs, tablettes, téléphones… En octobre dernier, la jeune pousse Qivivo lançait ainsi son offre de « fourniture d'économies d'énergie pour le particulier » autour d'un thermostat connecté. En novembre, Toshiba suivait avec le volet chauffage de son système Pluzzy. « La France nous sert de marché pilote avant d'élargir à l'Europe », présentait alors Miguel Limones, responsable des produits smart home chez Toshiba. Dans la foulée, c'était au tour de Schneider Electric d'annoncer la disponibilité de deux nouveaux modules pour son offre Wiser de maîtrise quotidienne de l'énergie. L'un pour s'adapter à tous les types de chauffage dans les logements, l'autre pour être compatible avec les terminaux mobiles Windows. Mais il en va de l'efficacité énergétique active comme de la rénovation thermique : comment s'assurer que le consommateur final s'approprie les solutions existantes ? Une expérimentation du pôle de compétitivité S2E2 a fourni des éléments de réponse. Les résultats du projet Afficheco ont été présentés à l'automne dernier. Son intérêt est d'avoir privilégié aux seules analyses quantitatives des études sociologiques. Le projet a notamment débouché sur la conception d'un produit : l'écocompteur du groupe Legrand, partenaire du programme. L'industriel a pris en considération des conclusions d'Afficheco pour développer ce système. Outre le compteur qui s'intègre dans le tableau électrique, Legrand a adapté l'affichage automatique des consommations sur internet aux enseignements tirés sur les usages des particuliers.
Démarré en 2009, le projet Afficheco avait un but précis : déterminer l'impact de l'affichage des consommations d'électricité sur le comportement des ménages. Outre Legrand, il a été mené par les universités d'Orléans et de Tours, le centre Cresitt Industrie, les sociétés Veolia Environnement et Energio. Si une cinquantaine de foyers était initialement concernée, il en restait 26 à la fin, compte tenu des aléas de la vie (déménagements, divorces, etc.). Les partenaires ont en effet organisé l'expérimentation en situation réelle et sur la durée. Les ménages, résidant en région Centre, ont été suivis de quinze à vingt-huit mois. « Nous avons d'abord mené un audit sur l'enveloppe des bâtiments, présente Raphaël Salvazet, ingénieur recherche chez Veolia. Puis une préenquête pour identifier les indicateurs les plus pertinents à afficher et un inventaire exhaustif des appareils consommateurs. » Des sociologues ont, enfin, suivi chaque foyer. La conclusion ? « L'affichage des consommations réelles participe à la construction d'une culture de l'énergie, résume la sociologue Christèle Assegond. L'affichage est un préalable indispensable à la prise en compte des enjeux de la transition énergétique. »
Il y a toutefois des conditions de réussite. Ainsi, les usagers ne veulent pas comparer leurs résultats à des foyers types, mais à leurs propres historiques de consommation. Les données doivent être présentées par postes de consommation, et non de façon globale, être facilement accessibles et compréhensibles, quelles que soient les compétences. Jugée trop technique, la notion de kilowattheure peut par exemple effrayer. Mieux vaut la compléter par des informations en euros. Ce qui suppose de pouvoir faire le lien entre consommation en kilowattheure et tarification de l'énergie, donc avec le contrat du client. Cela dit, des profils plus experts demandent plutôt à pouvoir extraire eux-mêmes les données dans un tableur pour affiner l'analyse. Un service à la carte à prévoir. l