Vous pensiez être écolo en lisant votre journal sur votre ordinateur plutôt que sur papier ? Pas sûr que vous ayez raison ! Selon une étude de Green Code Lab, soutenue par l'Ademe, la consommation d'énergie des internautes est cent fois plus importante que celle des serveurs. Et surtout, elle varie énormément en fonction du site que vous consultez. Dès 2011, l'Ademe avait établi que l'essentiel des impacts environnementaux liés à une page web était dû au temps passé par l'internaute devant sa machine. L'objectif de l'étude de Green Code Lab, baptisée Web EnergyArchive (WEA), était donc de mesurer la consommation d'énergie des sites web côté clients, en situation réelle d'utilisation. « Il existe deux moyens d'agir sur la consommation des ordinateurs : optimiser la conception des processeurs, ce qui est du ressort des fabricants de compo sants et des constructeurs d'ordinateurs, mais aussi améliorer les programmes que l'on fait tourner sur ces processeurs. C'est l'objet de l'étude de Green Code Lab », précise Alain Anglade, ingénieur expert à l'Ademe.
D'après l'étude, chaque page v ue consomme en moyenne 60 MWh, mais il existe de grandes disparités. Certains sites ont de très mauvaises performances énergétiques. « Plus un site doit télécharger des données, comme des vidéos, des programmes ou des images, moins il est performant sur le plan énergétique, narre Olivier Philippot directeur de Green Code Lab. Ainsi, les sites comme LeBonCoin ou Google, très simples, affichent une faible consommation, tandis que les sites d'information, comme celui du journal Le Monde, créent beaucoup de dépenses énergétiques chez l'utilisateur, à cause du nombre de photos, des bannières de publicité… »
Les 100 sites internet les plus consultés engendrent ainsi une consommation d'énergie de 68 GWh, incluant la consommation créée par les requêtes, mais aussi l'énergie dépensée par l'ordinateur. Les utilisateurs ont peu de moyens d'agir, hormis le fait d'ouvrir peu d'onglets en même temps ou d'accéder au web à l'aide de smartphones plutôt que d'ordinateurs. Les développeurs de sites, eux, ont des marges de progrès importantes. « Les pratiques de codage, les formats de fichiers graphiques ou d'animation jouent un rôle prépondérant, précise Alain Anglade. Certains formats, comme Flash, sont à éviter car très consommateurs d'énergie. » Les langages compilés, d'emploi facile, créent des étapes informatiques supplémentaires, et consomment jusqu'à vingt fois plus que leurs homo logues en langage machine. De même, certaines polices de caractère doivent être téléchargées à chaque utilisation, multipliant ainsi les consommations énergétiques.
Enfin, parmi les navigateurs, Google Chrome g a s p i l l e d av a n t a g e que Microsoft Explorer ou Firefox. « En choisissant les logiciels les plus optimisés, en réduisant la définition des photos, en évitant de rafraîchir les pages trop souvent, il est possible de réduire de 30 à 40 % la consommation des sites web », souligne Olivier Philippot.
Bizarrement, les éditeurs de systèmes d'exploitation comme Microsoft n'étaient pas intéressés par ces recherches… jusqu'à ce qu'ils s'aperçoivent que le développement des offres de cloud (où les données de l'utilisateur sont stockées chez Microsoft et autres hébergeurs) a des répercussions sur leurs propres centres de données. l