L'essor des énergies renouve lables intermittentes crée un défi de grande ampleur sur le réseau électrique européen. Il faut notamment relier les champs d'éoliennes de la mer du Nord, ou les centrales photo voltaïques du sud de l'Europe, voire d'Afrique du Nord, aux zones de forte consommation. Pour transporter des quantités toujours plus importantes de courant sur des distances elles aussi accrues, il est nécessaire de développer des réseaux de très haute tension, de l'ordre du million de volts, en courant continu, la solution la plus effi cace à ces niveaux de tension et à ces distances. Mais les tech nologies actuelles ne sont pas adaptées. D'où la mise en place du projet SuperGrid, un Institut pour la transition énergétique rassemblant des universitaires et des partenaires privés.
Son objectif : fournir les outils pour créer un super-réseau électrique, ou « super grid », à l'échelle européenne. « Aujourd'hui, les technologies ne sont pas optimales, indique Jean-Pierre Bertoglio, direc teur de recherche à l'École centrale de Lyon, qui porte le projet. Par exemple, on peut couper facilement du courant alternatif, alors que l'opération est bien plus brutale en courant continu, avec la création d'arcs électriques qui peuvent souder des pièces. De même, le stockage dans les stations de pompage-turbinage n'est pas optimisé. » Autre problème à résoudre : il n'existe que des liaisons point à point en courant continu, car les sys tèmes de contrôle-commande dont on dispose n'autorisent pas les boucles. Le projet Supergrid se découpe en cinq thèmes : structure du réseau, équipements de mesure et de coupure, équipements de conversion de puissance, liai sons (câbles) et stockage de l'électricité.
Avec l'accord européen définitif décroché fin 2014, le projet est aujourd'hui lancé, avec notamment la construction d'un bâtiment de recherche à Villeurbanne, dont la livraison est prévue à l'été 2016. Y seront installés des équipements de grande puissance, en taille réelle. Son budget de 230 millions d'eu ros est financé à hauteur de 86,6 millions par le programme des Investissements d'avenir. Une centaine de personnes y travailleront (certaines à temps partiel), la plupart étant déta chés de leurs établissements d'origine. L'Institut tirera une partie de ses revenus des bre vets qu'il déposera. « Certains sont déjà prêts et sept thèses sont lancées », précise Jean-Pierre Bertoglio.