La mise en service du parc de cinq éoliennes de 2 MW d'Avessac, en Loire Atlantique, est prévue pour novembre 2016. Son originalité : des fonds propres apportés par des citoyens et des collectivités locales. Le projet a été initié par Éoliennes en pays de Vilaine (EPV). Cette association n'en est pas à son coup d'essai. Elle avait inauguré en 2014 à Beganne, dans le Morbihan, le premier parc éolien porté par des particuliers, dont le retour d'expérience a bénéficié au projet d'Avessac. A l'époque, Éoliennes en pays de Vilaine avait participé à la création du bureau d'études Site à Watts Développement. Des collectivités locales se sont progressivement intégrées au projet. Il a alors fallu bâtir une gouvernance qui donne la parole à chacun sans pour autant voir les orientations du projet remises en cause chaque année.Les porteurs du projet se sont également formés. « Au départ, nous n'avions aucune compétence dans l'éolien », se souvient David Laurent, directeur de l'association EPV. « Nous estimons que 10 % des 1100 actionnaires se sont depuis formés. » Par exemple, sur le financement, sur les enjeux liés aux chauves-souris ou, plus globalement, sur l'éolien. Le Crédit coopératif, qui comptait parmi les financeurs du parc de Beganne, a également accordé un prêt pour celui d'Avessac. « Il nous a paru naturel de financer ce projet porté par des sociétés d'économie mixte et des citoyens », confie Aline Viatour, responsable du marché des énergies renouvelables au Crédit coopératif. Le prêt a été accordé dans des conditions classiques après différents audits techniques et juridiques. « Les discussions se sont bien déroulées, car le Crédit coopératif nous a déjà accompagnés sur de nombreux projets », confirme Emmanuel Julien, président du Directoire de Sergies, l'une des SEM actionnaires. Sur le plan juridique, les actionnaires de la société de projet Ferme éolienne d'Avessac SAS ont autant de voix que d'actions.Un moyen de limiter les recoursLa part détenue par l'association EPV va néanmoins évoluer. « Nous souhaitons garder à terme 10 % des fonds propres », indique David Laurent. Concrètement, les fonds seront transférés dans une nouvelle SAS, dont le capital sera ouvert aux habitants et collectivités du territoire. La SAS comprendra in fine quatre collèges : EPV, les collectivités locales, des clubs d'investisseurs – au sein desquels chaque foyer fiscal peut investir au maximum 5 500 euros par an – et les particuliers qui souhaiteraient souscrire un montant supérieur, jusqu'à 10 000 euros. Au sein de chaque collège, un actionnaire compte pour une voix.Les projets portés par des collectivités locales et des citoyens répondent à une demande croissante. « Nos élus souhaitent que tous nos parcs bénéficient d'un tel montage financier. Nous sommes par ailleurs contactés par des collectifs de citoyens qui portent des projets d'énergies renouvelables », souligne Emmanuel Julien, de Sergies. « Les élus sont souvent sollicités pour soutenir des projets éoliens, mais ils veulent pouvoir continuer à les suivre une fois lancés. » La participation directe aux sociétés de projets ou via des SEM apparaît comme un moyen d'accéder aux informations techniques et de trouver des interlocuteurs pour faire remonter d'éventuels problèmes. « Notre bureau d'études est contacté par des développeurs, par exemple quand les projets rencontrent des oppositions », complète David Laurent. La participation citoyenne est aussi un moyen de limiter les recours.Lydie Bahjejian