Presque quatre ans après son lancement, Issygrid publie ses premières données énergétiques en temps réel. Désormais opérationnel, ce démonstrateur lancé à Issy-les-Moulineaux (92) par Bouygues Immobilier et dix partenaires repose sur un système d'information qui analyse et équilibre production et consommation d'énergie d'un ensemble de bâtiments. Objectifs multiples : consommer au « bon moment » pour contribuer au lissage des pointes, intégrer harmonieusement la production locale d'énergies renouvelable ou inclure de nouveaux usages comme la recharge des véhicules électriques. « Ce n'est pas le premier lancé, mais Issygrid est le premier smart grid de quartier qui tourne en France », se délecte Olivier Sellès, responsable R&D chez Bouygues Immobilier. « Ce projet est un conglomérat d'intelligence. Et - je dis cela pour ceux qui voudraient nous imiter - il a été monté avec un budget de seulement 1,2 million d'euros apporté à parts égales par les 10 partenaires », ajoute le maire André Santini.Un millier de logements sont connectés à ce réseau intelligent grâce à des compteurs communicants, dont 861 de l'écoquartier du Fort d’Issy, ainsi que 4 immeubles de bureaux du quartier d’affaires Seine Ouest (120 000 m²), l’École de formation du barreau de Paris (8 500 m²) et une petite partie de l’éclairage urbain. Le démonstrateur s'appuie également sur 3 centrales photovoltaïque dont une qui y est raccordée via le réseau radio Lora, un système de prévision de la production solaire, 14 systèmes d'information connectés, une plateforme big data de supervision énergétique désormais ouverte (open data), et, enfin, un poste de distribution nouvelle génération, notamment équipé d'un système de stockage composé de batteries de seconde vie de Renault Kangoo électriques, assurant l'équilibre entre consommation et production.« Issygrid n'est en rien un showroom technologique, assure cependant Olivier Sellès. Nous n'avons pas connu de difficultés particulières au niveau technique. Les questions les plus ardues touchent aux aspects réglementaires et à la manière d''impliquer les utilisateurs des bâtiments. Nous voulons un Smart grid centré sur l'habitant. Et pour les impliquer au maximum, il faut que les données leur reviennent… » L'homme insiste d’ailleurs sur le travail mené avec la Cnil qui a aboutit à la définition d'un cadre réglementaire devant garantir la protection des données énergétiques des particuliers. Mais cette complexité juridiques recouvre bien d'autres aspects. « Plusieurs questions ont émergé liées au statut des producteurs d'énergie ou au télescopage des cadres réglementaires différents pour les électrons "publics" et "privés". Le  démonstrateurs industriels Lyon Living Lab va nous permettre de mettre en lumière les modifications réglementaires nécessaires pour faciliter les échanges d'énergie », note Éric Mazoyer, directeur général délégué de Bouygues Immobilier.Ce laboratoire pour de futurs quartiers à énergie positive a également permis de tester une gouvernance collégiale, placée sous les auspices de la ville d'Issy. « Ce modèle en consortium a fait ses preuves. Il a même été repris pour le projet So Mobility », explique Olivier Sellès, qui voit tout de même poindre un nouveau métier « à inventer », celui d'opérateur énergétique de quartier. Issygrid va continuer de grandir avec la connexion prochaine de nouveaux bâtiments et équipements. Il inclura à terme 2 000 logements et 160 000 m² de bureaux. Fabian Tubiana