L'année 2015 aura été « charnière » dans la lutte contre le changement climatique. L'accord obtenu lors de la COP21 a restauré « la confiance qui avait disparu des négociations internationales », estime Hakima El Haite, ministre de l'Environnement du Maroc. Elle s'exprimait ainsi le 9 juin lors d'une visite à Paris. Elle en a profité pour présenter la COP22.Les technologies de baseLa COP21 appartient déjà presque au passé. Fin 2016, lors de la COP22, « ce sera une autre histoire », prévient la ministre. « Il va falloir rendre opérationnels les différents aspects de l'accord de Paris. » La présidence marocaine a identifié plusieurs priorités. On y retrouve les principaux dossiers des négociations internationales. Par exemple, la feuille de route pré-2020. Pour limiter le réchauffement à +2°C, voire +1,5°C, des efforts supplémentaires vont devoir être faits avant 2020, date à laquelle doit entrer en vigueur l'accord de Paris. Le Maroc veut décider « qui fera quoi, quand et comment ». Un autre grand axe de discussions sera le transfert de technologies : « Nous voulons qu'une décision soit prise sur les technologies de bases, par exemple sur les panneaux solaires. Il faut aller vers un système d'intégration industrielle pour permettre aux pays de subvenir à leur besoin », esquisse Hakima El Haite. Un autre enjeu est le financement des politiques d'adaptation et d'atténuation du changement climatique. « C'est le moyen de garder la confiance des pays les plus vulnérables. »Femmes et climatAu-delà des mécanismes internationaux, la ministre marocaine a présenté l'organisation de la COP22. En amont de la conférence, les 30 septembre et 1er octobre 2016, un « sommet des femmes et du climat » sera organisé à Rabat, au Maroc. « Nous allons inviter des femmes leaders. Il existe aujourd'hui dans le monde de nombreuses femmes présidentes d'ONG et de sociétés », expose Hakima El Haite, évoquant aussi des responsables politiques ou des femmes de chefs d'Etats et de gouvernement.Agora des députésLa COP22 devrait aussi s'appuyer sur les multinationales des pays du Sud. « Elles n'ont pas été suffisamment impliquées jusqu'à présent » alors que les plus grandes d'entre elles représentent le quart de l'économie mondiale, souligne la ministre. Plus largement lors de la COP22, comme lors de la COP21, un espace sera réservé à la société civile : territoires, entreprises, ONG… Mais, avec « une agora des députés », le Maroc veut aussi mobiliser les parlementaires. « Ils ont un rôle essentiel à jouer pour ratifier l'accord de Paris et pour intégrer le climat à toutes les politiques publiques. »Innovation et finance climatiqueEn revanche, il n'y aura pas de galerie des solutions comme à la COP21. Le Maroc ne veut pas mettre en avant des offres commerciales. A la place, il y aura une « galerie de l'innovation » et une conférence sur les technologies bas carbone. Des universités mondialement reconnues devraient y participer. En complément, un espace exposera le patrimoine immatériel et les savoir-faire ancestraux, qui « peuvent nourir l'innovation ». Enfin, « il y aura un hub de la finance climatique », décrit Hakima El Haite. Dans ce hub, l'idée est de faire se rencontrer des banques et des pays porteurs de projets.Thomas Blosseville