Portugal, Norvège, Japon… « Dans la compétition internationale sur l'éolien flottant, les autres pays ne nous attendront pas. La France doit aller vite pour rester dans la course », prévient Jérôme Billerey, directeur général de Quadran. Sa société a déposé début avril deux dossiers à l'appel à projets de l'Ademe sur des fermes pilotes d'éoliennes flottantes. Sur les quatre zones en lice, Quadran en cible deux en Méditerranée. L'une au large de Gruissan avec la technologie de flotteur en béton d'Ideol, l'autre à Leucate avec celle en acier de SBM. Dans les deux cas, Quadran veut y associer des turbines Senvion de 6,2 MW. Sur chacun des sites, le producteur d'énergies renouvelables propose d'installer 4 éoliennes flottantes. Il lui faudra d'abord être retenu par l'administration dans le cadre de cet appel d'offres. « Quelle que soit la décision du gouvernement, il faut la prendre rapidement. Dès ce mois de juillet », presse Jérôme Billerey. « Les lauréats vont devoir engager des études. En ce qui nous concerne, nous sommes prêts. Nous n'attendons plus que la désignation des lauréats. »Objectif 1000 MWQuadran espère être retenu pour au moins l'une de ses candidatures. « L'éolien flottant est une diversification de notre activité, mais notre équilibre économique ne repose pas sur cette filière », rassure toutefois le dirigeant. Quadran exploite déjà un parc de 400 MW, essentiellement dans l'éolien terrestre et le solaire. La société a aussi développé des projets dans le biogaz et l'hydraulique. « Nous visons un parc de 1000 MW en 2020. Cet objectif s'appuie sur des projets identifiés et pour la plupart déjà autorisés. »Tous les continentsCela dit, l'éolien flottant consisterait un précieux relais de développement. « Il existe un vrai marché à l'international », relève Jérôme Billerey. «Alors que le potentiel de l'éolien offshore posé se trouve surtout en Europe, les perspectives de l'éolien flottant concernent tous les continents. » Né de la fusion d'Aérowatt et de JMB Énergie, Quadran s'est d'abord développé en France. Mais depuis quelques années, il s'est déployé à l'international : Pologne, Maroc, Tunisie, Ile Maurice, Seychelles, Philippines.. Le groupe français vient de créer une filiale au Ghana et prévoir d'en ouvrir une « prochainement » au Cambodge. « Le marché de l'éolien flottant s'avère cohérent avec nos implantations dans les Caraïbes, dans l'Océan Indien, en Tunisie... », observe le directeur général.Financement participatifPour démarrer, Quadran compte donc sur une ou deux fermes pilotes en France. Outre les arguments techniques, il mise sur son ancrage territorial. Son siège social est situé à Béziers, à proximité des zones convoitées à Gruissan et à Leucate. S'il est retenu, Quadran promet de s'appuyer sur l'écosystème industriel de Port la Nouvelle, également à proximité. Enfin, il compte faire appel à un spécialiste régional du financement participatif, Enerfip. Les citoyens pourraient alors contribuer au financement de chacune des fermes éoliennes flottantes pour un montant avoisinant 2 millions d'euros, sur un budget de 200 millions pour chacun des projets.Thomas Blosseville