Des centrales photovoltaïques, éoliennes et hydroélectriques. Mais aussi 50 pompes à chaleur, 60 batteries, 180 véhicules électriques et 40 stations de recharge. À première vue, Wisegrid a tout de l’expérimentation habituelle dans le domaine des réseaux intelligents. Elle va d’ailleurs réaliser des essais selon quatre axes de travail assez classiques. D’abord, la maîtrise de la demande et l’implication du consommateur. Ensuite, le couplage des énergies renouvelables et du stockage d’électricité. Troisièmement : l’instrumentation et le développement de microréseaux de distribution locaux. Enfin, l’intégration des véhicules électriques. « Mais notre but est de placer le citoyen au cœur du projet », nuance Stanislas d’Herbemont, chef de projet à Rescoop, la fédération européenne des coopératives d’énergies renouvelables.1700 participants« Contrairement aux autres projets, qui se contentent de tester les comportements des consommateurs, tout sera construit autour d’eux en adoptant un modèle participatif et coopératif. » En clair, Wisegrid vise à inventer le réseau intelligent citoyen. Le projet a été lancé en novembre 2016 dans le cadre du programme européen H2020. Avec un budget de 17,6 millions d’euros, il va durer jusqu’en 2020 et comprend cinq sites pilotes en Belgique, Italie, Grèce et Espagne. Du côté français, Bouygues Énergies & Services fait partie du consortium de 21 partenaires issus de huit pays. Ensemble, ils veulent développer les solutions nécessaires pour bâtir des communautés de consom'acteurs. Entreprises, particuliers, institutions… Les 1700 participants couvriront les différents profils de consommateurs. Plusieurs vecteurs énergétiques pourraient être concernés même si le projet porte d’abord sur l’électricité.L’idée est d’étendre le principe des coopératives de production à toutes les composantes des réseaux intelligents : la production donc, mais aussi la distribution, le stockage et la fourniture d’énergie. « Nous voulons prouver que la participation ne dépend pas de l’éducation ou de la culture des personnes, mais de leur volonté de s’impliquer. »Stockage, recharge, autopartageLe projet va développer un ensemble d’outils pour que chacun s’insère dans cet écosystème selon son profil. Par exemple, une plateforme gèrera les centrales de production décentralisée. Une deuxième s’occupera de la facturation des consommateurs finaux. Une troisième permettra aux particuliers de piloter leur consommation et leur production. D’autres seront utilisées pour intégrer au réseau les moyens de stockage répartis chez les consommateurs, ou pour piloter le partage de véhicules électriques et leur recharge rapide. Une plateforme enfin sera créée pour assurer l’interopérabilité de toutes ces briques technologiques. « Elle devra être compréhensible par n’importe qui », insiste Stanislas d’Herbemont.Thomas Blosseville