De l'aveu même d'Enerdata, l'exercice devra être affiné. Mais le cabinet spécialisé dans l'énergie a présenté ce 30 mai à la presse ses premiers éléments d'analyse. D'un côté, les objectifs fixés par la loi sur la transition énergétique pour la croissance verte. De l'autre, la tendance des dix dernières années. Ce « monitoring de la transition énergétique en France » a été réalisé en collaboration avec Patrick Criqui, directeur de recherche émérite au CNRS et expert associé d'Enerdata. Il permet de distinguer des objectifs « atteignables », des évolutions « encore loin de l'objectif » et des tendances « très décalées ».Par exemple, les émissions de gaz à effet de serre par rapport à 1990 avaient augmenté de 5 % en 2005 et baissé de 13 % en 2016. La loi prévoit une diminution de 40 % d'ici à 2030. Enerdata a comparé l'historique 2005-2016 à l'effort nécessaire sur la période 2017-2030. Le résultat ? L'objectif fixé par la loi est atteignable, selon Enerdata. Tout comme les baisses de consommation d'énergie primaire (-20 % en 2030 par rapport à 2012) et d'énergies fossiles (-30%). Avec un bémol : les relativement bonnes performances actuelles sont dues à la stagnation de l'économie française, plutôt qu'à des transformations structurelles.En revanche, pour d'autres critères, la France est encore loin de ses objectifs. C'est le cas de la part des renouvelables dans la production d'électricité et de chaleur, comme de la réhabilitation thermique des logements. La tendance est même très décalée en ce qui concerne la part des renouvelables dans la consommation totale d'énergie et la part du nucléaire dans le mix.A plus court terme, d'ici à 2023, Enerdata a comparé la tendance dans les renouvelables filière par filière à la programmation pluriannuelle de l'énergie (PPE), plus précisément au scénario le plus prudent de la PPE. Le bilan ? Pour l'éolien terrestre, l'objectif est jugé atteignable, comme pour l'hydroélectricité et le biogaz de décharge. En revanche, la France est nettement en retard dans le solaire photovoltaïque, le bois énergie pour la production d'électricité et la méthanisation. La tendance est même très décalée par rapport aux ambitions dans les énergies marines et la géothermie électrique.Thomas Blosseville