L’héritage de Merkel est probablement défini par Energiewende (« transition énergétique »), le grand plan initié par l’Allemagne pour décarboner son approvisionnement énergétique, en abandonnant massivement les combustibles fossiles et la production nucléaire en faveur des énergies renouvelables, principalement l’éolien.
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"Le gouvernement Merkel a poussé à une expansion massive de la capacité installée d’énergies renouvelables dans le pays, encourageant le développement de projets éoliens et solaires avec un tarif de rachat - établi avant l’entrée en fonction de Merkel par la loi sur les énergies renouvelables (EEG) de 2000 - offrant une rémunération garantie à condition de l’apport d’une nouvelle énergie propre au réseau", rappelle JP Casey, rédacteur en chef Energie chez GlobalData.
"En conséquence, l’Allemagne a vu ses sources de production renouvelables se démultiplier. La capacité éolienne terrestre a doublé entre 2010 et 2018, passant de 26,8 GW à 52,7 GW, tandis que l’énergie solaire est passée de 17,9 GW à 45,3 GW l’an dernier. Malgré des résultats rapides évidents, le plan Energiewende a perdu de sa superbe", poursuit-il.
Cela est principalement dû au fait que, malgré les milliards que Berlin a dépensés, l’Allemagne est en passe de manquer son premier objectif de réduction des émissions en 2020, avec des objectifs à plus long terme qui semblent également incertains. Les 866 millions de tonnes de CO2 émises en Allemagne en 2018 étaient bien au-dessus de l’objectif de 750 millions de tonnes, et les experts s’accordent pour admettre qu’il est désormais impossible d’atteindre l’objectif de réduction de 40 % d’ici 2020.
Alors pourquoi l’Allemagne a-t-elle eu du mal à atteindre ses objectifs malgré une montée en puissance spectaculaire des capacités en énergies renouvelables ?
"À la suite de la fusion de la centrale nucléaire de Fukushima en 2011, le gouvernement allemand a annoncé son engagement à abandonner progressivement le recours au nucléaire dans le pays d’ici 2022, reprend JP Casey. A ce jour, seules sept centrales nucléaires sont toujours en fonctionnement et en attente de déclassement. Un état de fait qui a permis le prolongement de la durée de vie des centrales à charbon du pays, dont beaucoup sont alimentées par du lignite, un charbon doux plus facile à extraire mais beaucoup plus polluant à brûler".
On observe maintenant des appels de toute part de personnalités influentes qui réclament le report de l’abandon total du nucléaire afin de ne pas échanger une méthode de production énergétique socialement indésirable contre une autre méthode beaucoup plus polluante. "De plus, les tarifs de rachat avantageux depuis 2000, qui ont joué un rôle majeur dans l’expansion éolienne et solaire du pays, doivent expirer en 2021. Cela signifie qu’un nombre croissant de parcs éoliens pourraient cesser d’être rentables et fermer", ajoute le spécialiste.