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[Tribune] Le numérique à l’origine d’une mutation majeure des activités humaines

Par Emmanuel François, Président de la Smart Buildings Alliance et du fonds de dotation MAJ. Publié le 21 décembre 2020.
[Tribune] Le numérique à l’origine d’une mutation majeure des activités humaines
Emmanuel François
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Pour Emmanuel François, président de la Smart Buildings Alliance et du fonds de dotation MAJ, il est urgent d’adapter les modèles d’urbanisme pour répondre à la numérisation croissante des modes de vie.

Depuis quelques années, nous assistons progressivement à une mutation majeure des activités humaines sous l’impact du numérique remettant en cause les fondamentaux même de l’organisation de notre société. Toutes nos activités sont concernées à commencer par le travail mais cela concerne également l’enseignement, la santé, le commerce, la culture, les divertissements, etc. Toutes ces activités pouvant être effectuées en physique ou à distance (online). La crise sanitaire actuelle venant juste précipiter ces transitions.

L’humanité face à 6 défis majeurs

Nous sommes par ailleurs confrontés à six défis majeurs que je résume ainsi : le défi environnemental qui nous interpelle avec le réchauffement climatique ; le défi démographique avec le déséquilibre Nord-Sud et le vieillissement des populations occidentales ; le défi sanitaire avec la crise actuelle ainsi que les problématiques de pollution d’air, d’eau, des sols ou même de toute notre chaîne alimentaire ; le défi économique avec toujours plus de population en précarité (25% en Europe) et des disparités croissantes entre riches et pauvres ; le défi identitaire avec une perte des repères et une remise en cause des règles et codes qui scellent notre société depuis presque des millénaires ; le défi éthique avec le risque croissant de perte de notre liberté individuelle avec le contrôle par quelques acteurs de nos données individuelles. Chacun de ces défis pris individuellement est potentiellement source de désordre social majeur. S’attaquer à un défi sans approche globale ni systémique peut s’avérer contre-productif, comme l’a démontré le sujet de la taxe carbone avec le mouvement des gilets jaunes.

Nous sommes au bout d’un système et cela nous contraint à repenser fondamentalement nos modèles et modes de vie

Tous les signaux démontrent que nous sommes arrivés aux limites d’un système qui n’est plus tenable ni durable. Cela nécessite de notre part un changement radical de nos modèles et modes de vie à commencer par la prise en compte à sa juste valeur de la précarité des ressources naturelles. Ce qui n’a surtout pas été le cas des 40 dernières années avec à la clé un endettement record (> 200% du PIB mondial) difficilement durable et une dette écologique irrémédiable. L’extension inconsidérée de l’urbanisme au niveau mondial avec trop souvent la constitution de ghettos par activités (travail, logement, enseignement, santé, commerce, divertissement, culture, etc.), vidés de tout sens social ou de préoccupation environnementale, en est une triste illustration. Les villes étant désormais la plus grande source d’émissions de gaz à effet de serre avec une part supérieure à 70% !

Le résultat est donc sans appel. Nous n’avons aujourd’hui plus d’autre choix que de rompre avec les modèles d’hier. À titre d’exemple, à l’heure du numérique, il semble insensé de rester encore sur des modèles de bâtiments, figés, dédiés à une seule activité, peu ou non intégrés à leur environnement et utilisés pour à peine 30% de leur temps. Il en est de même pour les véhicules qui occupent près de 50% de l’espace urbain pour un taux d’utilisation inférieure à 5% par jour !

Avec le développement de l’économie collaborative, notre rapport à la propriété est profondément modifié au bénéfice d’usages décolérés de la propriété. Cette tendance nous oblige à repenser l’immobilier et la mobilité pour un usage optimisé et plus durable. Par ailleurs l’évolution des modes de vie impacte directement les modèles établis de l’entreprise ou de la famille, et contraint les bâtiments à s’adapter à ces mutations rapides pour offrir des espaces plus évolutifs, multi-usages, hybrides privés et collaboratifs. Cela nécessite d’adapter en conséquence les modèles économiques ainsi que les cadres normatifs et juridiques.

Vers une société hybride

Cette mutation est en fait beaucoup plus profonde car elle touche l’ensemble de notre société qui sous l’impact du numérique devient de plus en plus hybride.

Ainsi si nos activités deviennent hybrides, si l’entreprise et la famille deviennent hybrides, il doit en être de même des bâtiments, des véhicules et quelque part des villes. De même pour les infrastructures qui doivent passer de réseaux hyper centralisés à des réseaux hybrides. Ainsi une production et un stockage énergétique décentralisés, vraisemblablement en courant continu, complèteront un réseau centralisé en alternatif ; de même pour l’eau avec un réseau de collecte et de retraitement de l’eau complètera un réseau central plus dédié à l’eau potable ; ou encore pour les déchets avec des boucles locales de retraitement et réemploi.

Cette mutation concerne également la production industrielle avec des sites d’assemblages décentralisés à proximité des lieux de consommation, le BTP avec la construction hors-site, l’agriculture avec l’agriculture de proximité voire urbaine/hors-sol, la pêche, la distribution avec des circuits courts portés par des plateformes numériques ou encore l’économie circulaire. Cela concerne bien évidemment la médecine, l’enseignement, la culture, le commerce, le travail...  Une partie de ces activités pouvant être exercées différemment, à distance en virtuel (full online) ou semi-virtuel (online mais dans un espace dédié). Cela va toucher l’économie entière avec l’essor des crypto-monnaies locales qui portent ces transitions et accompagnent cette hybridation des échanges en complément et en parallèle des monnaies officielles, sans convertibilité manifeste voire souhaitée entre ces deux modèles. Cela impacte de facto notre gouvernance et la répartition des pouvoirs à tous les échelons de notre société et nous oblige par là même à repenser la gouvernance des entreprises et de l’environnement publique pour une gouvernance hybride, moins centralisée, plus neuronale, plus inclusive. C’est la force du numérique et la crise sanitaire combinée aux défis actuels de société vient précipiter cette mutation que je qualifie de civilisationnelle, ne nous laissant que peu de temps pour réagir. Les forces et atouts d’hier pouvant brutalement devenir des handicaps capables de précipiter des effondrements faute de temps. 

Vouloir répondre à ces enjeux nécessite avant tout une vision globale et holistique. Je crois beaucoup en la théorie de la feuille blanche visant à repenser notre environnement (communauté, entreprise, commune, collectivité, région...) ex nihilo et de définir de nouveaux fondamentaux. Alors que les villes sont le miroir d’une civilisation, nous ne pouvons aujourd’hui garder la même organisation face aux ruptures brutales que nous vivons actuellement. Le costume ne nous convient plus. Il faut repenser les bâtiments, la ville, et l’aménagement du territoire et leur gouvernance autour de nouveaux fondamentaux tels que la proximité, la mixité et la durabilité. C’est le chantier des prochaines années. C’est ce que j’appelle la 3ème révolution urbaine. Répondre aux grands enjeux actuels de société passe par cette révolution et c’est maintenant. 
 
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