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ÉNERGIE

Antoine Nogier : « Le potentiel de l’agrivoltaïsme est immense »

PUBLIÉ LE 21 AVRIL 2023
PROPOS RECUEILLIS PAR ANTHONY LAURENT
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Antoine Nogier : « Le potentiel de l’agrivoltaïsme est immense »
La récente loi d’accélération des énergies renouvelables consacre l’agrivoltaïsme. Entre acceptabilité sociale et développement économique, les dossiers restent nombreux pour la filière. Explications avec Antoine Nogier, président de France Agrivoltaïsme.
 
Environnement Magazine : Quel état des lieux de la filière dressez-vous ? Et quelles sont ses perspectives pour les années à venir en France ?
 
Antoine Nogier : En préambule, il convient de bien préciser ce que l’on entend par le terme « agrivoltaïsme ». Cette terminologie désigne, comme l’a définie l’Ademe – définition également reprise par la loi d’accélération des énergies renouvelables –, les structures photovoltaïques qui rendent un service direct à une production agricole. L’installation agrivoltaïque a donc un objectif premier agricole (protection contre les aléas climatiques, adaptation au changement climatique, amélioration du bien-être animal, amélioration du potentiel agronomique) et se distingue des centrales photovoltaïques classiques au sol, dont la finalité est avant tout de produire de l’énergie solaire.
La filière agrivoltaïque française est particulièrement dynamique, bien qu’encore en phase d’apprentissage. Grâce notamment à des programmes de recherche ambitieux, elle a dépassé le stade de la simple innovation et entre en phase de développement. En France, les perspectives sont réjouissantes : à l’heure actuelle, nous sommes le pays le plus avancé et moteur dans le monde. Il convient désormais de transformer l’essai – cadre réglementaire, appels d’offres de la Commission de régulation de l’énergie (CRE) –, pour confirmer ce leadership mondial.
L’agrivoltaïsme répond à un double enjeu : celui de la transition énergétique, désormais bien connu de tous ; mais aussi celui de la protection de l’agriculture, soumise à un climat de plus en plus instable et extrême du fait du réchauffement climatique. Les panneaux, dans ce cas, peuvent jouer un rôle de protection, via l’ombrage, et de régulation climatique, dont l’agriculture a de plus en plus besoin. Pour cela, le potentiel de l’agrivoltaïsme est immense.
 
Que vous inspire la loi sur l’accélération des énergies renouvelables ?
 
La loi d’accélération des énergies renouvelables est assurément une grande avancée pour la filière agrivoltaïque. Elle sacralise la priorité agricole de l’installation, et montre ainsi la différence avec le photovoltaïque classique. Cette loi n’est toutefois qu’une première étape : elle dresse un horizon, montre la voie à suivre et énumère les grands enjeux que doit relever la filière. Parmi ceux-ci, en plus des services rendus à la production agricole, on retrouve notamment le respect des règles qui régissent le marché du foncier agricole, ou les modalités de suivi et de contrôle des installations ainsi que les sanctions en cas de manquement. C’est ensuite, avec les décrets d’application, que viendra se préciser le cadre de développement de l’agrivoltaïsme.
 
Que répondez-vous aux critiques concernant les atteintes à la production agricole qu’engendreraient les installations agrivoltaïques ?
 
Par définition, une installation agrivoltaïque ne doit pas porter atteinte à la production agricole. C’est là la principale réussite de la loi qui vient d’être promulguée. En effet, les quelques contre-références, heureusement minoritaires, de développement d’installations photovoltaïques sur foncier agricole sont assurément le principal frein au développement de la filière agrivoltaïque. Il est vrai également que la synergie ne se décrète pas. Dit autrement, superposer des panneaux au-dessus de prairies ou de cultures peut, bien souvent, affecter négativement la production agricole. Mais il existe des configurations qui permettent d’obtenir des bénéfices réels et durables. Au sein de France Agrivoltaïsme, nous sommes convaincus que l’agrivoltaïsme ne pourra se développer que s’il s’inscrit dans une démarche durable, privilégiant la production agricole à la production d’électricité, et en s’inscrivant dans son écosystème. Cela signifie respecter les pratiques et dynamiques agricoles locales, et maîtriser son impact sur la biodiversité et les paysages.
 
Quels sont les chantiers qu’il reste à mener pour France Agrivoltaïsme dans les mois et les années à venir ?
 
Les grands chantiers de France Agrivoltaïsme concernent bien sûr le développement de la filière, tant d’un point de vue législatif et réglementaire qu’économique. A très court terme, le gros dossier est donc la publication des décrets d’application de la loi d’accélération des énergies renouvelables. L’enjeu est considérable : pour éviter l’enlisement des processus de permis de construire, il faut sans tarder assurer un cadre simple, pratique, opérationnel, et protecteur pour l’agriculture. Nous espérons que le délai annoncé par la ministre de la Transition énergétique – six mois après la promulgation de la loi – pourra être tenu.
A moyen terme, un autre gros chantier réglementaire concerne la Programmation Pluriannuelle de l’Energie : il s’agira de définir la place que pourra occuper l’agrivoltaïsme pour atteindre les objectifs de développement de l’énergie solaire dans les dix années à venir. Enfin, il est essentiel de construire une vision de l’agrivoltaïsme en tant que filière à part entière, et de dépasser le stade du simple objet innovant. Cela passe par des capacités de financement des projets agrivoltaïques (notamment par les appels d’offres de la CRE), par des retours d’expérience, et enfin par l’embarquement de l’ensemble des parties prenantes tout au long de la chaîne de valeur (agriculteurs, structuristes, développeurs, technologues, etc.).
 
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