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MOBILITÉ

[Tribune] Le monde d’après : plaidoyer pour une nouvelle mobilité par et pour les territoires

PUBLIÉ LE 11 JUIN 2020
JEAN MICHEL MORER, RÉFÉRENT MOBILITÉ DE L’APVF, MAIRE DE TRILPORT (77)
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[Tribune] Le monde d’après : plaidoyer pour une nouvelle mobilité par et pour les territoires
Le maire de Trilport dans la Seine-et-Marne fait un bilan de nos rapports aux transports en commun pendant et depuis le confinement. Pour lui, cette crise doit être l’occasion de repenser nos déplacements et d’accélérer les nouvelles mobilités.

Nous entrons dans une période pour le moins tourmentée. Les crises se succèdent les unes aux autres : sanitaire, numérique, économique et sociale … D’autant que ces séquences ont été précédées des épisodes des Bonnets Rouges en 2013 et de la crise des Gilets Jaunes en 2018 qui ont bouleversé nos territoires. L’idée de crise fait désormais partie de notre paysage institutionnel. Apporter des réponses séquentielles et partielles a postériori à chacune d’entre-elles n’est pas viable. Il est plus adapté de repenser de manière transversale et globale notre société en abordant notamment la dimension de la fracture territoriale et de nos modes de déplacement afin de les rendre plus équitables et plus durables comme le propose notre contribution au « Monde d’après ».

La nécessité de repenser nos déplacements

Il est urgent de repenser nos mobilités afin de les améliorer et de les rendre plus inclusives et mieux répondre aux différents défis qui s’imposent à nous, qu’ils soient écologiques, économiques, géographiques et sociaux.

Le réchauffement climatique s’accélère en raison notamment des émissions liées à nos déplacements. 30% des émissions de gaz à effet françaises sont liées au transport. La hausse des températures liée à ses émissions favorise l’émergence de pandémie comme le Covid19. Il est donc urgent de décarboner nos déplacements.

Le coût économique de nos déplacements est également une source d’inégalité qui doit nous inciter à repenser nos mobilités. Selon le Baromètre des Mobilités réalisé par Wimoov avec l’aide de l’APVF, les habitants des territoires isolés dépensent en moyenne 140 euros par mois pour se déplacer contre 90 pour les habitants des grandes aires urbaines.

Le confinement a également eu des effets inattendus. Le télétravail qui peinait à s’insérer dans nos vies est devenu, lorsque « cela était possible », la règle. Nos déplacements doivent désormais être repensés à l’aune du télétravail qui permet à certains travailleurs d’exercer leur profession depuis chez eux, loin des grandes villes. S’il est trop tôt pour en évaluer toutes les conséquences sur le long terme, nous nous trouvons dans une tendance qui pourrait influer sur « l’exode rural forcé » des dernières décennies.

La crise, accélérateur des nouvelles mobilités dans les petites villes

Sur le terrain, les élus locaux font preuve d’inventivité et de pragmatisme pour relever les défis liés aux mobilités. A Malaunay, en Seine-Maritime, la Mairie accompagne le développement de la mobilité électrique en installant des bornes publiques de recharge partout dans la ville. En Gironde, et plus particulièrement à Eysines, plus de 43 km de pistes cyclables ont été créées afin de favoriser les mobilités douces. Dans la ville de le Palais, dans le Morbihan, des voitures électriques en libre-service ont été mises à disposition des touristes afin de les inciter à « voyager sobre et propre ». Tous ces projets innovants dans nos petites villes doivent être accompagnés et accélérés.

C’est dans cet optique que l’APVF a présenté plusieurs propositions dans sa contribution au « monde d’après ».

Il est urgent, tout d’abord, de donner la priorité aux déplacements du quotidien délaissés ces dernières années, notamment dans le domaine du ferré. C’est pourquoi nous avons proposé dans le cadre de notre « Livre Blanc » dédié aux mobilités ou notre contribution au « monde d’après » de faire du ferroviaire une priorité absolue en développant une vraie vision prospective et dynamique des infrastructures et en réinvestissant massivement dans les petites lignes. L’exemple allemand démontre qu’il n’y a pas de fatalité en la matière. Nous défendons également la mise en place d’une prime mobilité pour les habitants des territoires les plus isolés.

Le développement d’une mobilité plus juste et plus durable passe également par un accompagnement technique et financier plus important, notamment au niveau des infrastructures. Les petites villes comptent prendre toute leur part dans l’émergence de ces nouvelles mobilités fondées sur l’électrique, le GNV ou le BioGNV. Pour cela, elles ont besoin d’un véritable soutien technique et financier de l’Etat. France Mobilités et le Cerema doivent devenir les véritables « bras armés de la mobilité » dans les territoires. Cette aide à l’ingénierie doit s’accompagner d’un soutien financier aux nouvelles mobilités avec, par exemple, la mise en place pendant une certaine période d’un crédit d’impôt pour l’acquisition des véhicules roulant au GNV ou BioGNV en lieu et place du suramortissement existant mais inopérant en période de crise économique. Il faut dans le même temps soutenir le développement de la mobilité électrique en incitant davantage les Autorités organisatrices de la mobilité à mettre en place un Schéma directeur de développement des infrastructures de recharge. Il est possible de souligner une fois de plus l’avance de notre voisin d’Outre-Rhin en la matière. N’oublions pas non plus l’effet de levier du dividende numérique, qui accompagne une véritable révolution des usages autour du développement systémique des éco systèmes de mobilités que ce soit dans les grandes villes ou les territoires plus ruraux : co voiturage, transport à la demande…

Pour être inclusives, les mobilités doivent donc se construire par et pour les territoires, qui sont autant de lieux d’innovation et d’expérimentation. Le plan de relance qui vient est une occasion privilégiée d’accélérer le développement d’une mobilité plus juste et plus durable. Beaucoup de solutions existent déjà. Elles sont expérimentées dans nos petites villes et ne demandent qu’à être accompagnées, soutenues et diffusées. Les enjeux sont trop grands et les attentes des territoires trop fortes pour demeurer immobiles, ce qui serait un comble pour nos mobilités...
Jean Michel Morer, Référent Mobilité de l’APVF, Maire de Trilport (77)
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