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POLITIQUES

Tribune | « ESG et investissement : la fin de l’illusion »

PUBLIÉ LE 6 AVRIL 2023
NAMRATHA KOTHAPALLI, PRINCIPAL INVESTOR CHEZ SPEEDINVEST,
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Tribune | « ESG et investissement : la fin de l’illusion »
Namratha Kothapalli, principal investor chez Speedinvest. Crédit : Speedinvest
Les critères ESG sont-ils réellement un indicateur fiable pour mesurer l’investissement responsable et durable des entreprises ? Souvent perçus comme un avantage concurrentiel, ne sont-ils pas qu’un simple mirage et, pour les fonds de capital-risque un fardeau dans leurs stratégies d’investissement ? Tribune signée par Namratha Kothapalli, principal investor chez Speedinvest, fonds d’investissement spécialisé dans l’early stage.

Crise écologique et énergétique, raréfaction des ressources naturelles, pandémie … c’est un fait, en seulement quelques décennies le monde a été marqué par une multiplication de défis à relever en matière environnemental. La lutte contre le changement climatique s’est imposée comme « LE » grand chantier du XXIème siècle auquel s’attèlent les pays, gouvernements, institutions mais aussi, les entreprises. Alors, ces dernières années, les notations dites « ESG », reportings, audits et autres labels sont devenus incontournables. Au cœur de la gestion d’entreprise, ils occupent une place grandissante dans la stratégie de nombreuses organisations désireuses d’attirer de nouveaux investisseurs. Des investisseurs qui peuvent être amenés à allouer leur capital sur la base de ses objectifs environnementaux séduits par des entreprises qui s’efforcent de réduire leur empreinte carbone en mettant en place de « bonnes pratiques ». 

Pour autant, ces critères ESG sont-ils réellement un indicateur fiable pour mesurer l’investissement responsable et durable des entreprises ? Souvent perçus comme un avantage concurrentiel, ne sont-ils pas qu’un simple mirage et, pour les fonds de capital-risque un fardeau dans leurs stratégies d’investissement ? Mais par-dessus tout, quid de leur raison d’être ? 

ESG : entre complexité de la mesure et leurre 

Donner du sens à l’investissement est devenu central ces dernières années et cette approche s’est développée autour de la prise en compte des critères Environnementaux, Sociaux et de Gouvernance (ESG) dans les décisions d’investissement des entreprises. 

Tout d’abord, qu’entendons-nous par ce concept ? L’investissement ESG peut être défini comme est un outil que les investisseurs utilisent pour mesurer les enjeux non financiers d’une entreprise et comprendre la manière dont elle gère les effets externes liés à son activité. Les initiatives ESG sont des actions qu’elle prend pour mener de manière plus durable et éthique son activité, et influencer et remettre en question ses impacts environnementaux (E), ses impacts sociaux (S) et sa gouvernance (G). Mais là réside l’écueil : ce critère comporte ses propres limites puisqu’il ne permet pas de mesurer l’efficacité concrète d’une solution mais permet à l’inverse de pouvoir se « targuer » de durabilité. 

Parmi les risques que cela comporte, on trouve d’une part celui d’un ESG trop flatteur qui dissimulerait une réalité bien différente ou le risque de tomber dans du « greenwashing », et de l’autre, celui d’une mauvaise orientation des investissements où des entreprises louant leurs « bonnes pratiques » se retrouveraient favorisées au détriment d’organisations ayant des défini des objectifs bien réels et mesurables. 

Si la prise en compte des critères ESG s’est imposée comme une tendance de fonds, force est de constater qu’ils offrent une vision potentiellement biaisée. Alors peut-être convient-il de changer de prisme pour se concentrer sur les entreprises réellement motrices du changement.

Le rôle moteur des fonds d’investissement 

« Plutôt qu’une Startup nation, devenons une Impact nation », voici les mots d’Emilie Mercadal, cofondatrice de Rofim,jeune pousse française de l’e-santé. Ces dernières années, la multiplication des défis liés à la transition écologique, énergétique et sociale ont donné naissance à des projets d’entreprises « à impact » et « à mission ». 
D’après une étude menée par BPI France et France Digitale le nombre de ces startups a augmenté de 28 % depuis l’année 2021, passant de 840 à 1074 en 2022. Une tendance qui influe sur l’écosystème puisque davantage de fonds d’investissements lancent des véhicules financiers dédiés ou se consacrent à ces problématiques de durabilité. 

En effet, avec l’urgence climatique, un état d’esprit différent est nécessaire avec un nouveau rôle à jouer pour les fonds. Il ne s’agit plus d’investir dans des entreprises désireuses de réduire leur impact négatif sur la planète. Il est désormais question de prendre position, de faire des choix plus radicaux et d’investir dans des entreprises créatrices de solutions positives, innovantes et mesurables dont le cœur d’activité est de participer activement à la transition écologique ainsi qu’aux transformations de la société. 

Cela étant dit, quel rôle comment mettre concrètement en œuvre ces actions côté investisseur ? 

Premièrement, en ramenant la réflexion et la notion d’exigence au cœur du choix d’investissement. La clé réside ici dans une formation plus attentive des équipes en intégrant la dimension d’impact afin d’affiner leurs critères de sélection. L’objectif est qu’ils puissent évaluer dès les premiers échanges et l’étude du projet des startups, leur proposition de valeur et objectifs devant être concrets et mesurables. 

Deuxièmement, la définition commune d’objectifs d’impact. Le but est de permettre de rendre compte des résultats atteints sur un temps donné au regard des moyens déployés et objectifs préalablement fixés. Enfin, en revenant au rôle premier d’un investisseur qui au-delà d’être un seul soutien financier, endosse de multiples rôles : à la fois garant, allié, conseiller, un fonds accompagne une entreprise à chaque étape de son développement et engage dans la durée sa crédibilité et son image. Il est ainsi primordial que chaque partie prenante concourt toujours à la réalisation d’un même but : la création d’une valeur durable. 

Alors que nous cherchons à catalyser un impact important et réel au niveau des systèmes, il est évident que les risques financiers matériels doivent être intégrés aux facteurs environnementaux, aux questions sociales et à la gouvernance d’entreprise. L’imprécision des critères ESG implique que sa signification varie d’une personne à l’autre. Si le mieux n’est pas l’ennemi du bien, nos lignes directrices en matière d’investissements climatiques vont au-delà de la seule prise en compte de l’empreinte carbone, en incluant les polluants, l’utilisation de l’eau et de la terre, l’impact sur la biodiversité, la consommation des ressources et la prise en compte des répercussions pour l’hémisphère Sud. Il est donc essentiel que chaque partie prenante contribue toujours au même objectif : la création d’une valeur durable.
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