Alors que les exigences de transparence, d’efficacité et de responsabilité n’ont jamais été aussi fortes qu’aujourd’hui, la manière dont les entités publiques sélectionnent, évaluent et pilotent leurs fournisseurs devient un enjeu central. Si la commande publique repose traditionnellement sur des procédures encadrées, elle doit aujourd’hui composer avec des impératifs en constante évolution. Comment, dans ce cadre, garantir que les partenaires choisis soient réellement à la hauteur de ces enjeux ? Et surtout, comment s’assurer que la relation avec ces fournisseurs ne se limite pas à une logique contractuelle descendante, mais s’inscrive dans une dynamique de gouvernance partagée et durable ? C’est là tout le défi auquel le secteur public est désormais confronté.
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Dans un contexte où les achats publics représentent jusqu’à 12 % du PIB selon l’OCDE, les acteurs publics ne peuvent plus se contenter d’une logique d’exécution contractuelle. L’évaluation des fournisseurs devient un acte de gouvernance à part entière. Elle permet d’améliorer la transparence des marchés, de sécuriser les prestations et de mieux maîtriser les risques externes. Cette logique s’inscrit dans un changement culturel profond : les acheteurs publics passent d’une posture de contrôle à une posture de collaboration, favorisant la coresponsabilité entre les parties.
Prenons l’exemple du secteur de l’habitat social, où la performance des prestataires de maintenance impacte directement la qualité de vie des locataires. Des bailleurs comme Paris Habitat ont mis en place des dispositifs d’évaluation intégrant les retours des équipes de terrain, des techniciens et même des locataires eux-mêmes, témoignant d’une approche intégrée et pragmatique.
Cette évolution est également soutenue par des textes structurants qui imposent désormais une pondération minimale de la valeur sociale dans l’appréciation des offres. L’intégration de critères ESG (environnementaux, sociaux et de gouvernance) devient ainsi un passage obligé pour toute politique d’achat responsable.
Des critères d’évaluation de plus en plus complexes et contextualisés
Pour être pertinente, l’évaluation des fournisseurs (des opérateurs économiques) doit reposer sur des critères robustes, mais surtout adaptés aux exigences de la commande publique. Il ne s’agit pas uniquement de juger la conformité ou la performance technique, mais d’appréhender l’ensemble des dimensions qui composent une relation durable et fiable avec ce tiers.
Les principaux critères observés incluent notamment la conformité réglementaire (RGPD, NIS2, CSRD, Spaser), la performance opérationnelle (qualité, délais), la gestion des risques (continuité d’activité), la solidité financière, l’engagement RSE, la capacité d’innovation, et désormais, la vérification des coordonnées bancaires, face à la recrudescence des fraudes.
Mais la force de l’évaluation réside aussi dans sa capacité à s’adapter. Ainsi, un SDIS (Service Départemental Incendie et de Secours), une collectivité locale ou un bailleur social ne présenteront pas les mêmes priorités d’évaluation. La gestion des urgences techniques, la proximité avec les usagers ou la maîtrise de la sous-traitance sont autant de paramètres différenciant.
L’évaluation doit être pertinente, mais doit également faciliter l’accès à la commande publique, notamment pour les PME. La complexité d’un tel processus peut décourager certains acteurs estimant ne pas être en capacité de répondre à de telles évaluations.