En tant que Présidente de Sénéo, deuxième syndicat producteur et distributeur d’eau potable en France desservant dix communes du Nord des Hauts-de-Seine (610 000 habitants et près d’un million d’usagers quotidiens), je me félicite que la loi visant à interdire certains usages des PFAS ait été récemment adoptée et promulguée. Cependant, cette avancée reste insuffisante face à l’ampleur du défi sanitaire et environnemental que représentent ces substances.
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Les PFAS restent utilisés dans de nombreux produits du quotidien. Ils s’accumulent dans l’eau, les sols et nos organismes. Leur diffusion est telle que personne n’est épargné, en particulier les plus fragiles comme les enfants ou les femmes enceintes. Ces substances entraînent des conséquences graves sur la santé : cancers, troubles hormonaux ou maladies cardiovasculaires.
Chez Sénéo, si les niveaux détectés restent faibles et inférieurs aux seuils réglementaires actuels, ces polluants perturbent durablement nos écosystèmes et contaminent nos ressources en eau.
Une loi bienvenue mais incomplète
La loi adoptée en février dernier prévoit dès janvier 2026 l’interdiction progressive des PFAS dans plusieurs catégories importantes : cosmétiques, farts de ski, textiles d’habillement... Cette avancée est positive mais comporte encore des lacunes majeures. Par exemple, les ustensiles de cuisine restent autorisés alors qu’ils libèrent des PFAS au fil de leur usage, contaminant directement notre alimentation ainsi que l’eau utilisée pour leur nettoyage.
Des coûts croissants supportés par les consommateurs
Les coûts liés au traitement nécessaire à la potabilisation de l’eau augmentent sans cesse. Ce sont aujourd’hui les consommateurs qui supportent cette facture via leur tarif d’eau potable, alors même que certains industriels et certaines pratiques agricoles sont à l’origine directe de ces pollutions. Cela démontre clairement l’inefficacité actuelle du principe « pollueur-payeur » face aux PFAS.
L’urgence d’une interdiction totale
En Europe, le coût estimé pour dépolluer sols et eaux pourrait atteindre jusqu’à 2 000 milliards d’euros sur vingt ans*. Nous ne pouvons plus accepter que des pollutions définitives soient imposées à nos ressources vitales.
Réglementer au cas par cas ces substances est une impasse. Leur diversité chimique (plusieurs milliers de variantes) rend cette approche inefficace et chronophage. Certains pays européens comme la Belgique ou l’Allemagne ont déjà pris des mesures ambitieuses avec des restrictions strictes. Au-delà du plan ministériel actuel sur les PFAS, la France doit suivre cet exemple en adoptant rapidement une interdiction totale assortie d’un calendrier clair permettant aux industriels comme aux chercheurs de s’adapter efficacement.
L’inaction n’est plus acceptable. Nous devons prendre pleinement nos responsabilités en imposant une interdiction sans compromis des PFAS. Il est encore temps d’agir, avant que le coût humain, écologique et financier ne devienne insurmontable.