Mi-2014, Rétia, la filiale dépollution de Total, et fin 2015, Recylex (ex-Métaleurop), soit plus de dix ans après la publication des décrets, se retireront de l'Estaque, ce quartier portuaire de Marseille où ils ont hérité de terrains hautement pollués (respectivement 39 ha et 83 ha, dont 68 de garrigues). Elf Atochem y a produit de 1983 à 1989 du chlorométhane, du chlorure ferrique et du chlorure d'aluminium, alors que l'activité industrielle commencée en 1881 y avait laissé de l'acide sulfurique et des cendres de pyrite. Pour Recylex, les sols contenaient des mâchefers, des métaux lourds et de l'arsenic. Après la mise en place d'une surveillance des eaux d'écoulement, la déconstruction des bâtiments et la valorisation des métaux, il a fallu enfouir la terre polluée dans des alvéoles construites sur place, selon les critères mis en œuvre dans les centres d'enfouissement technique de classe 1. Chacun a creusé les siennes sur son terrain et, bientôt, le tout disparaîtra sous un couvert végétal. Mais quand Total croyait excaver et enfouir 300 000 m3 de terres, ce sont finalement près de 800 000 m3 qui ont été trouvés, les failles de calcaire en renfermant plus qu'estimé. Recylex, pour sa part, a dû éliminer 300 000 m3 au lieu d'un peu plus de 200 000 prévus. Même inflation côté budget : il en aura ainsi coûté entre 40 et 50 millions d'euros à Total, au lieu des 10 escomptés. Reste à savoir quel usage sera fait de ces terrains bénéficiant d'une vue sur la mer à couper le souffle. Recylex espère les vendre pour un usage tertiaire, comme inscrit au plan local d'urbanisme (PLU), et rentrer ainsi dans ses frais, tandis que Total, plus inquiet de risques sanitaires futurs, ne se dit pas pressé de céder le sien.