Malgré une meilleure prise en compte de la transition bas-carbone dans les plans de relance, un rebond des émissions de carbone françaises est à prévoir. C’est ce que craint la présidente du Haut conseil pour le climat Corinne Le Quéré, auditionnée le 20 janvier par les deux chambres du Parlement. Au Sénat, interrogée sur les conséquences de la crise sanitaire, elle revient sur les leçons de la crise économique de 2008 : « À ce moment-là il y a eu des investissements au niveau des énergies renouvelables, dans le solaire et l’éolien, ont permis à ces technologies de prospérer. Dans la dernière crise, il n’y a pas eu de gouvernements qui ont coordonné ensemble leurs mesures vers la neutralité carbone. La plupart des investissements étaient dans l’énergie carbonée, ce qui a amené un rebond qui a éliminé la décroissance en émissions en 2009. » En 2020, les investissements ont été davantage coordonnés, mais « la majorité des investissements s’est faite vers une économie carbonée, de continuité. Si on ne fait pas attention, on s’attend à un rebond », explique Corinne Le Quéré.
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Traçage au niveau régional
Interrogée sur la Convention citoyenne pour le climat et sur le non-suivi de certaines propositions, Corinne Le Quéré rappelle que certains membres sont venus présenter les enjeux aux citoyens de l’assemblée, sans avoir fortement participé à l’élaboration des mesures. « Le gouvernement doit valoriser les propositions de la Convention citoyenne pour le climat parce que c’est effort remarquable, demandé par le gouvernement. Le gouvernement doit justifier pourquoi certaines actions ne sont pas suivies », faisant notamment référence au projet de référendum permettant d’introduire la défense de l’environnement dans la Constitution. Selon la présidente du Haut conseil pour le climat, le mécanisme de la Convention citoyenne pourrait être appliqué au niveau régional. Pour Olivier Fontan, directeur général du Haut conseil pour le climat, « il y a nécessité de tracer l’empreinte carbone » des régions. « Sur les enjeux d’adaptation, le rôle d’échelon local est encore plus important », ajoute-t-il, rappelant aussi qu’ « il faut noter qu’entre les régions françaises il y a aussi des problématiques d’empreinte carbone importée, par exemple via les produits agricoles exportés et consommés dans d’autres régions. »